- Photo : Alain Jarnoux.
 
Trop souvent, en tant qu’observateur du football et en particulier du FC Nantes, l’envie nous prend de céder à la fatalité. Moi-même, après le premier but messin hier soir, je fus énervé, frustré, dans l’incompréhension. Réaction émotionnelle forte à une défaite dont toutes et tous nous avions peur. Mais réaction logique, normale, car ce scénario nous l’avons vécu de nombreuses fois ces dix dernières années. Alors comment, dans ce contexte pesant où le résultat est seul maître du jeu, ne pas céder à la fatalité ? Introspection d’une équipe, d’un club, de supporters.
La peur au ventre
Dimanche, sur le terrain, les joueurs nantais ont semblé abattu. D’abord privé de tout espoir de victoire par le but d’Abuashvili à la 82ème, celui d’Habib Diallo ne fit qu’entériner une rencontre sans saveur. Kelvin Amian et ses coéquipiers ont semblé jouer avec la peur au ventre, celle de perdre à domicile contre un adversaire au maintien. Un adversaire qui n’avait jusque là gagné qu’un seul match et qui encaissait beaucoup à l’extérieur (20 buts). Mais les messins ont eux su jouer avec confiance en leurs capacités, sans complexe quant à leur position au classement. Au contraire de nantais passablement affectés.
Luis Castro a plusieurs fois évoqué en début de saison l’important travail qu’il avait à effectuer auprès de ses joueurs dans le domaine de la confiance. Notamment, afin d’éviter que les traumatismes vécus les saisons passées aient trop d’impact sur les performances de son groupe. Ce travail de confiance a davantage d’importance auprès des nombreux jeunes qui composent cet effectif et dont le temps de jeu en Ligue 1 est encore moindre. Il semble n’être pas encore achevé et le technicien lusitanien en a bien confiance.
A Nantes, les garanties de ne pas encaisser de buts dans les dernières minutes d’une rencontre sont faibles, voire inévitables. A mesure que le match face au Football Club de Metz progressait, un sentiment de déjà-vu s’imposait dans les esprits nantais. Celui du but couperet de l’équipe adverse à 10 minutes du terme. Celui de l’aveu d’impuissance d’un effectif qui sortait pourtant d’une performance offensive satisfaisante face à Monaco. Mais le souci au FC Nantes, c’est que de temps nous ne disposons jamais assez. Et la confiance vient avec le temps.
Car n’oublions pas que cette équipe a su s’imposer à Paris en limitant de manière remarquable les talents offensifs de Moses Simon et d’Ilan Kebbal. Cette équipe a également su montrer de la fougue et une vraie envie face à Rennes et à Monaco afin de ne pas se laisser faire. Mais elle manque encore de beaucoup de certitudes. Or, ce sont ces lacunes et cette capacité à enchaîner qui affecte la confiance des joueurs et qui font peser sur eux une forme de fatalité. Leur travail n’est pas récompensé, du moins pas encore.
L’incertitude du milieu de terrain
Dans son projet collectif, Luis Castro n’est pas parvenu à trouver une association au milieu de terrain qui soit satisfaisante et performante. Les blessures de Coquelin et Lepenant n’aident pas. Mais leurs retours et leur fragilité respective n’est certainement pas l’assurance sur laquelle compte s’appuyer le portugais. Face aux messins, Louis Leroux a retrouvé un poste au centre du terrain après avoir été cantonné au rôle de latéral gauche. Malheureusement, malgré son activité remuante il n’aura pu être un intermédiaire efficace entre la défense et l’attaque.
A ses côtés, Junior Mwanga et Dehmaine Assoumani Tabibou ont aussi été peu inspirés. Par séquences seulement, ils auront su conserver le ballon et progresser vers l’avant. Mais plus souvent, ils ont subi le pressing messin et ont manqué de justesse dans leurs passes. Ils manquent cruellement de repères dans ce milieu qui apparaît parfois à l’image comme un no man’s land du côté des Canaries. L’équipe a besoin d’un joueur capable d’être le patron au milieu de terrain, capable aussi d’encourager et de rassurer ses jeunes partenaires.
En effet, les maux qui agitent ce club résident également dans l’absence de leaders apparents sur la pelouse. Anthony Lopes a paru être un véritable leader de vestiaire mais il est cantonné à ses cages une fois le match débuté. A Jean Bouin, le but d’El Araby et sa détermination avait emmené toute l’équipe avec lui. Le somptueux but d’Abline et ses prouesses face à Monaco avaient aussi été sources d’espoirs pour le 11 Jaune et Vert. Mais quand la réussite ne sourit pas, le FC Nantes perd totalement ses moyens. Et c’est bien là où la présence d’un leader est nécessaire.
Trouver le chemin vers la sérénité
Les Canaris doivent atteindre une forme de sérénité. Ils savent qu’ils ne sont pas les meilleurs, soit. Ils savent que la pression du résultat est une réalité, soit. Mais s’ils pénètrent sur le rectangle vert à chaque journée avec cet avant-goût de défaite en bouche alors jamais ils ne sortiront de la spirale négative dans laquelle ils plongent. Heureusement, Luis Castro semble avoir la tête sur les épaules. Il sait l’importance du travail psychologique avec ses joueurs. Il reconnaît par ailleurs l’apport mental que représente un stade animé comme la Beaujoire.
Car oui supporters et supportrices, cet entraîneur mérite qu’on le soutienne et que l’on croit un tant soit peu en son travail. Les résultats ne sont pas encore présents mais cessons de céder à la fatalité. Ne cédons pas non plus aux sifflets intempestifs. Accompagnons les joueurs dans leur progression et notamment toutes ces jeunes pousses prometteuses qui n’attendent que de nous éblouir. Ne cédons pas aux sifflets intempestifs. Comme l’a indiqué Luis Castro en conférence de presse d’après-match : « il y a besoin d’être un peu plus patient avec l’équipe. Siffler les joueurs [pendant la rencontre] n’apporte rien à l’équipe« . Il expliquait ainsi que les jeunes joueurs ont besoin de calme pour prendre des décisions notamment.
Metz était un rendez-vous manqué mais il reste encore beaucoup de rencontres. Les aborder avec moins de complexe sera sans doute l’une des clés du succès. Le talent ne manque certainement pas.
Allez Nantes !
							
				
				
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