Richard Coudrais est une encyclopédie du football et un passionné du FC Nantes. Rédacteur en chef de La Maison Jaune il a écrit deux ouvrages de référence « Espagne 82 : la Coupe d’un monde nouveau » en 2022 avec Bruno Colombari chez Solar puis « Du foot et des Jeux » en 2024 pour Lucarne Opposée. Il publie également de nombreux articles pour Chroniques Bleues, les Cahiers du Football et le Footichiste. C’est aussi le créateur et l’animateur du site Sport à Lire. 

Ta passion pour le football et le FC Nantes n’est pas récente. Est ce que tu peux nous dire quand et comment elle est née ?

De manière tout à fait classique, avec un papa qui m’emmène à Marcel-Saupin un soir de décembre 1978, c’est-à-dire à une époque où le FCN occupait le haut du tableau. La magie d’un match en nocturne, avec les projecteurs du stade et les couleurs flamboyantes de la tenue des Canaris, ça inspire forcément un gamin de dix ans. Ensuite, cette passion a été entretenue par la lecture des comptes rendus de Presse-Océan, journal auquel mes parents étaient abonnés. 

Quel a été le déclencheur de ta motivation à écrire ce livre qui évoque des drames dont certains ont marqué durablement l’histoire du club ?

Ça doit remonter à la disparition d’Emiliano Sala. La nouvelle m’avait rappelé la stupeur provoquée par celles de Seth Adonkor et Jean-Michel Labejof dans un accident de voiture en 1984. Des joueurs qui disparaissent en pleine carrière, et plus généralement les personnes qui meurent jeunes, sont des événements particuliers, inattendus, qui marquent durablement et qui nous rappellent la fragilité de la vie. Il y a deux ans, un reportage du journaliste Sébastien Tarrago pour La Chaîne L’Equipe, consacré à Sidi Kaba (rescapé de l’accident qui a coûté la vie à Adonkor et Labejof) m’avait bouleversé. Il avait retrouvé l’ancien joueur alors que celui-ci vivait en marge, brisé par le souvenir de l’accident. Et il est mort peu après la fin du reportage. C’était très triste. Ensuite, l’an dernier, dans le cadre du Docu-BD sur l’histoire du FC Nantes, j’ai écrit le scénario BD de la disparition de Sala et ça m’avait également ému (d’autant que Jean-Marie Michaud, le dessinateur, a fait un travail remarquable). Peu à peu, l’idée de raconter les histoires de ces joueurs disparus s’est imposée dans mon esprit. J’avais également rédigé un article sur Victor Trossero sur le site de La Maison Jaune. Je pense qu’il est important de garder la mémoire de ces événements, même s’ils sont très tristes. Cela fait partie de l’histoire du club. 

Écrire un livre oblige à convoquer ses souvenirs mais aussi à fouiller avec minutie les archives. Quelle a été ta principale découverte ? 

Généralement, je me documente dans la presse de l’époque. Je me méfie de ce que je trouve sur Internet, l’information y est souvent frelatée. La presse d’époque n’est pas toujours précise mais elle donne le contexte et fourmille d’informations oubliées. On évite les anachronismes. L’histoire de Victor Trossero m’a beaucoup intriguée, car les raisons du malaise qui a provoqué sa mort n’ont jamais vraiment été expliquées. En Argentine, sa disparition a beaucoup marqué les esprits. C’était un joueur réputé, beaucoup plus qu’en France. Sa mort un peu mystérieuse est un sujet qui revient régulièrement dans la presse argentine. Son souvenir à Nantes passe un peu au second plan, probablement parce qu’il n’a pas répondu aux attentes quand il était joueur. En revanche, les disparitions de Sahnoun, Adonkor, Labejof puis Sala ont eu un retentissement important.

Emiliano Sala est célébré à chaque match depuis sa disparition en pleine mer juste après son transfert à Cardiff. Comment peut-on expliquer la place qu’il occupe aujourd’hui dans le cœur des supporters ?

Il y a plusieurs facteurs qui font qu’il est beaucoup plus célébré que les précédents disparus. L’époque actuelle est beaucoup plus démonstrative, tant dans les manifestations de joie que de peine. Là où une minute de silence suffisait dans les années quatre-vingt, on multiplie aujourd’hui les hommages avec des chants à chaque match, le numéro de maillot retiré, etc. Sala était très apprécié tant pour son attitude sur le terrain qu’en dehors. Sa mort a également quelque chose de révoltant car elle est la conséquence d’une succession de négligences. Elle se prolonge en outre avec cette lamentable polémique entre les deux clubs à propos du transfert et de son règlement. Cette indécence est insupportable. 

"Destins brisés du FC Nantes" (Richard Coudrais)

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