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La victoire contre Nice, comme celle contre le LOSC, étaient bel et bien des illusions. Si le match face au Havre l’avait d’ores et déjà confirmé, cette énième défaite face au voisin rennais l’illustre à nouveau. Incapable de créer quoi que ce soit, Nantes a subi et a perdu. La faute a un collectif inexistant et a des individualités à la dérive. Alors même que le but égalisateur de Mostafa Mohamed, son cinquième de la saison, aurait pu susciter quelques raisons d’espérer au moins le point du nul, Marcus Coco, entré en jeu autour de la 30ème minute à décider d’entériner le sort de ses coéquipiers par un geste idiot et surtout inutile. Aussi, malgré une prestation plutôt laborieuse, le Stade Rennais a mérité sa victoire. Le FC Nantes a lui mérité de perdre.

Une défense aux abois

Pour analyser cette équipe, nous devons faire fi de ses victoires et de ses matches nul arrachés face aux cadors du championnat. Car ces résultats ne signifieront rien quand Nantes se déplacera à Grenoble ou à Rodez en septembre prochain. Surtout, ils nous aveuglent sur la faiblesse collective de cette équipe. L’erreur d’Amian face à Rennes est tout sauf anodine et démontre un réel manque de concentration. Assez inexplicable après deux semaines de repos et seulement 10 minutes de jeu. Cette bévue n’est qu’un exemple parmi d’autres d’une défense complètement perdue. Il ne serait ainsi pas incongru de penser que l’instabilité de cette défense affecte l’ensemble de la structure collective de l’équipe. Quand la base se fissure, les couches supérieures flanches.

Cette faiblesse défensive se symbolise tant par le nombre de buts que par l’absence d’une charnière centrale bien identifiée. Au cours de la saison, et au gré des suspensions et blessures des uns et des autres, les supporters et supportrices nantais auront pu voir associer toutes les combinaisons possibles. Pour ne rien faciliter à la formation d’une défense solide, le changement de systèmes de jeu et la faible et peu qualitative profondeur de banc n’auront rien arrangé. Si Nantes parvient à se maintenir en Ligue 1, la constitution d’une nouvelle ligne défensive sera essentielle. Elle aurait déjà dû l’être lors des deux précédents mercatos (été et hiver). Le FC Nantes doit absolument se renforcer au poste de défenseur central et surtout au poste de latéral. Dans le football actuel, il n’est plus possible de jouer avec des latéraux aussi limités défensivement et offensivement que N. Cozza et K. Amian. Deux joueurs qui n’ont par ailleurs personne pour les concurrencer.

Marquer sans jouer ?

Un autre élément qui interroge à l’observation des matches de Nantes cette année, c’est l’absence de tout courage ou de toute hargne. Les joueurs semblent totalement désabusés mais ne font rien pour remédier à cela. Parmi les potentielles raisons de cet atermoiement, le jeu affligeant proposé par l’équipe en est sans doute l’une des principales, notamment du côté des offensifs. Abline, Simon, Mohamed et même Guirassy ont mangé du pain dur toute la saison. Contraints de se conformer à un « système » tactique dans lequel ils ne touchent jamais de ballons et doivent donc faire en sorte de concrétiser les très rares ballons qui arrivent dans leurs pieds. Par moment cette saison, ils sont parvenus à le faire. Abline contre le PSG, Simon contre Rennes à l’aller ou encore Mohamed contre l’OL et le LOSC. La qualité offensive ne manque pas. Simon est le meilleur dribbleur de L1, a inscrit 7 buts et délivrés 9 passes décisives. Abline, lui, a inscrit 10 buts toutes compétitions confondues et son compère d’attaque, Mohamed, s’il a été peu régulier, parvient tout de même à inscrire des buts importants. Guirassy a quant à lui malheureusement ciré le banc une très grande partie de la saison et n’a eu que peu d’occasions de s’exprimer ou de se développer.

Comment expliquer qu’avec de tels joueurs le FC Nantes s’entête à ne rien produire en termes de jeu ? Car la rencontre d’hier l’a bien illustré. Nantes était venue pour subir, subir, subir. Voilà tout ce qui est demandé à cette équipe : SUBIR. Or, elle ne le sait pas le faire et cela supporters et supportrices le savent depuis bien des saisons. Preuve s’il en faut, l’année dernière Nantes était un temps la meilleure équipe dans les 60 premières minutes mais la pire dans les 30 dernières. A cela, on peut ajouter que lors de cette saison 2024 – 2025 Nantes a perdu 19 points après avoir mené au score. DIX-NEUF. Ce constat étant fait, il est difficile de comprendre ce qu’Antoine Kombouaré a cherché à mettre en place avec son groupe. Il est d’autant plus complexe de saisir comment une équipe de Ligue 1 n’est pas en mesure de faire plus de 3 passes à la suite après deux semaines de repos et à un mois du terme du championnat. Car le FC Nantes cette année c’est aussi l’une des plus faibles moyennes de possession de balle. A 5 matches de la fin, difficile d’espérer un quelconque changement dans le jeu proposé. Pourtant, les Jaune et Vert risquent bien de se faire très peur en ne changeant rien.

Sombrer sans révolte

Pour finir, comment résoudre cet atermoiement et l’inexistence d’une idée de jeu quelconque ? Les joueurs sont ils entièrement soumis aux consignes d’A. Kombouaré ? N’ont-ils pas leur mot à dire dans la mise en place tactique du collectif ? C’est en effet à eux également d’impulser des idées s’ils perçoivent que le staff semble perdu. Cela doit se faire de manière horizontale et consensuelle. Il est inconcevable que les joueurs prennent un quelconque plaisir à jouer de la sorte et il est donc d’autant plus incompréhensible qu’ils ne tentent rien. Qui sait, peut être le font-ils et cela ne produit pas non plus de résultats positifs. Mais ce n’est pas l’impression qui se dégage de l’observation des matches joués cette saison. Le collectif manque de liant, de solidarité et surtout de leaders. Aucun joueur n’insuffle de sentiment de révolte et c’est bien là un des grands problèmes, surtout quand le mental va autant compter pour la fin du championnat.

Alors qu’il faudra encore affronter le PSG, Toulouse, Auxerre, Angers et enfin Montpellier, le FC Nantes est en effet loin d’être sauvé. Si une descente directe semble peu probable, la place de barragiste pourrait très vite devenir le nouveau siège des Canaris. Le Havre a un calendrier bien compliqué mais compte tenu de l’incapacité des Nantais a l’emporter face à leurs concurrents directs il est à craindre le pire. Le fait que la plupart de ces rencontres se jouent à la Beaujoire auraient pu être une source d’espoir si seulement celle-ci était toujours une forteresse imprenable. Aussi, comme l’année dernière il faudra lutter jusqu’au bout. Heureusement, cette lutte, les vaillants supporters et supportrices nantais la mèneront, comme à leur habitude. Ils et elles seraient très sûrement en tête d’un championnat des tribunes.

En attendant le résultat face au PSG la semaine prochaine, réservons un petit mot d’encouragement aux jeunes nantais qui affronteront Dijon FCO en demi-finale de la Coupe Gambardella. Allez les Jaune et Vert !