Pour le Nigérian, c’est une occasion en or, un shoot trop mou renvoyé par Pau Lopez, une possibilité évanouie d’ouvrir le score, de changer, peut-être, le destin du match. Pour l’ancien Bordelais, c’est une tête malencontreuse, malheureuse, un but contre son camp, un cadeau qui, en fin de rencontre, a donné la victoire aux Phocéens.
« On va avoir mal à la tête pendant deux ou trois jours », a conclu Antoine Kombouaré et s’il peut paraître facile de réduire une heure et demie de jeu à simplement deux actions, c’est aussi parce que le match a été terriblement pauvre en occasions de but. Pour les Nantais, on en compta une seule en première période et le moins qu’on puisse écrire est qu’elle ne fut pas mirobolante, le tir puissant de Moses Simon, suite à une remise en touche de Quentin Merlin déviée plus ou moins adroitement par Veretout et Guessand, relevant plus de l’opportunisme que d’un jeu construit. C’était bien essayé mais Balerdi contra la tentative.
Une première période laborieuse
Du coup, la pause fut atteinte sans but et c’était plutôt flatteur pour les Canaris qui après une bonne entame avaient souffert à l’image de Pallois, souvent pris de vitesse, et de Fabio un peu trop distrait. Avec une défense à 5, Nantes avait beaucoup subi et Alban Lafont s’était employé pour sauver les meubles, dès la 5è minute, du pied face à Clauss puis sur une sortie de la tête, à la barbe d’Alexis Sanchez (26è) et enfin, à la 44è minute, en plongeant dans les pieds de Nuno Tavares. Il n’avait en revanche pas eu à intervenir lorsque, décalé par Sanchez, Guendouzi s’était retrouvé en bonne position pour la simple et bonne raison que l’ex-Gunner avait expédié le ballon sur l’extérieur des filets.
Et les attaquants nantais ? Eh bien, on les avait peu vus et pour leur part ils avaient peu vu le ballon. Ils étaient esseulés et les Canaris, lorsqu’ils récupéraient le cuir, ne parvenaient pas à repartir sur de bonnes bases. Ils le reperdaient en raison de relances hasardeuses, de fébrilité, de manques de soutien. On ne peut pas dire que le match était mauvais, car il était intense mais il était clair que des deux côtés les qualités athlétiques, les courses échevelées prévalaient sur la technique, la précision, la réflexion, l’intelligence. En football c’est rarement bon signe.
Des buts stupides
Cela n’empêchait pas un entraîneur au chômage, propulsé aux commentaires télévisés, d’affirmer péremptoirement : « C’est un bon match, il ne manque que les buts ». Que dirait-il si un cuisinier lui ayant servi un plat et invité à le déguster s’étonnait de le voir grimacer et puis, soudain, se grattant le front, s’exclamerait « Ah ! Zut, excusez-moi, j’ai oublié le sel » ?
C’est fou d’ailleurs, l’habitude prise par les joueurs, quand ils sont devant un micro, d’assurer, sans prendre la peine de réfléchir « On a fait un bon match ». A croire qu’on leur apprend davantage à passer pour des gens un peu bé-bêtes, ce qu’ils ne sont pas forcément, c’est heureux, qu’à bien jouer au foot, et ça c’est ennuyeux…
Mais des buts, on a fini par en voir durant les vingt dernières minutes. Enfin, on se demande si on peut appeler ça vraiment des buts, surtout les deux encaissés par le FC Nantes. « Des buts cons », trancha Kombouaré et on ne saurait mieux les qualifier. Le premier, à la 70è minute, fut consécutif à un corner de Payet mal repoussé par Alban Lafont. Il en résulta une action confuse, une tentative de Clauss repoussée à la sauvette et un ballon qui échut à Mbemba, lequel se montra plus prompt que Pallois et profita de l’aubaine pour faire mouche.
Marseille menait 1-0 et les Nantais pouvaient se mordre les doigts pour n’avoir pas su exploiter deux occasions de contre, à chaque fois par Moses Simon, à 10 minutes d’intervalle (51è, 61è), la seconde étant la plus nette alors qu’il avait été idéalement servi par Ludovic Blas. Ce dernier sortit du lot durant le second acte, confirmant alors, s’il en était besoin, combien il est indispensable à son équipe, si elle souhaite procéder avec maîtrise et lucidité. La manière dont il tira le penalty égalisateur fut d’ailleurs exemplaire, on en était alors à la 78è minute et le Marseillais Gigot avait ceinturé Mohamed (entré à la place de Guessand, 62è), faute qui lui avait valu un deuxième carton jaune, synonyme de renvoi immédiat à la douche et, donc, d’un logique penalty.
Et puis ce fut le cauchemar
Nantes qui ne subissait plus les événements aurait pu alors profiter de sa supériorité numérique pour réaliser un joli coup. Blas fut même en posture de lui donner l’avantage mais sa frappe, trop enlevée, ne fit que frôler la transversale (81è). Et puis ce fut le cauchemar, un tir de Payet dévié, Luis Suarez, peut-être hors-jeu au départ, qui devance Appiah et Pallois qui dévie le ballon dans sa cage. Marseille tenait son succès, il était maigre et peu convaincant, un centre d’Appiah s’égara dans la surface, Nuno Tavares renvoya un ballon de Simon et on n’apprécia pas du tout la sale faute commise par Vérétout sur Moutoussamy. « Une faute tactique », excusa l’entraîneur au chômage alors qu’il aurait dû s’insurger et stigmatiser la tricherie. Car, ne nous y trompons pas, c’est avec ce genre d’interventions illicites assorties de commentaires mièvres, de réactions molles, que l’on contribue à dénaturer le jeu.
Il y avait, avec cette défaite, de quoi se maudire, même si, quand on y regarde bien, tous les chiffres (possession de balle, occasions, tirs, passes réussies) parlent en faveur de Marseille. Mais déjà il importe de voir plus loin, et prendre conscience qu’Il conviendra surtout de se donner les moyens, recrues ou pas (et il faudrait que ce soient des renforts, pas seulement de nouvelles têtes), de mieux jouer. Il est temps également, sans doute, de se rappeler que la saison dernière le FC Nantes a, avec de la réussite, tourné au-dessus de ses moyens. C’était être aveugle de ne pas l’admettre. Alors, après avoir savouré, la page doit être tournée et aujourd’hui, au lendemain d’une défaite qui laisse les Canaris avec deux petits points, une extrême prudence s’impose, il n’y a rien ou pas grand-chose à jeter, il y a énormément à améliorer.
Marseille bat Nantes 2-1.
Buts : pour Marseille : (Mbemba 70è), Pallois (82è). Pour Nantes : Blas (78è sp).
Marseille : Pau Lopez - Balerdi (Kolasinac 65è), Gigot, Mbemba - Clauss, Rongier, Veretout, Tavares - Guendouzi (Payet 65è), Gerson (Luis Suarez 54è) - Alexis Sanchez (Under 65è, Caleta-Car 83è). Expulsion : Gigot (78è).
Nantes : Lafont - Castelletto, Girotto (Coco 87è), Pallois - Merlin, Chirivella (Doucet 87è), Moutoussamy, Fabio (Appiah 62è) - Blas - Simon, Guessand (Mohamed 62è).