Deux ans seulement après la première montée en Division 1 de son histoire, le FC Nantes remporte son tout premier championnat de France, en 1965. L’équipe du basque José Arribas, arrivé sur les Bords de l’Erdre cinq ans plus tôt, propose un tout nouveau style de jeu, rafraichissant, qui épate les observateurs du football français. Révolutionnaire, innovant et éblouissant, la première version du jeu à la nantaise porte pour la première fois ses fruits et permet au FC Nantes de Robert Budzynski, Bernard Blanchet et du jeune Philippe Gondet de remporter un premier titre historique.

Qui dit champion de France, dit aussi la possibilité de disputer la Coupe des Clubs Champions européens, la Ligue des Champions de l’époque. Le 22 septembre 1965 restera une date gravée dans l’histoire du FC Nantes. Il s’agit du premier match européen disputé par les Canaris. Les prémices d’une histoire passionnante, riche en joie et en larmes et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, nous rappeler ce que sont les valeurs et l’ADN du FC Nantes. 
 

1965/1966 : Les grands débuts

Le premier adversaire européen du FC Nantes est terrifiant. Il s'agit du Partizan Belgrade, fraîchement champion de Yougoslavie, grande terre de football. La bande de José Arribas parcourt la moitié de L’Europe fin septembre pour se rendre dans un stade serbe réputé pour son public hostile et bouillonnant. Bousculés, les Canaris sont menés par un but de Galiç, star du football yougoslave et véritable poison pour la défense nantaise. Et, dès la reprise du match, Hasanagiç punit les jaunes. Le score ne changera plus et le FC Nantes doit repartir avec un retard de deux buts. Un “handicap” sérieux, mais pas “insurmontable” pour la presse française, qui croit dur comme fer à la qualification du champion de France.

Le match retour est prévu pour le 13 Octobre. Quatre jours plus tôt, l’équipe de France disposait de la Yougoslavie dans le cadre des qualifications pour la Coupe du Monde 1966, grâce à un but de… Gondet.  Les astres semblent alignés, et au stade Marcel-Saupin, c’est toute la ville qui est derrière les Jaune-et-Vert. Galvanisés par leur public, les hommes d’Arribas se dépassent et posent des difficultés à l’ogre yougoslave. Nantes obtient rapidement un pénalty, Simon s’élance mais le rate. Il en faudra plus pour arrêter les Canaris qui ouvrent le score à la demi-heure de jeu par Magny. La joie est néanmoins de courte durée puisque le Partizan égalise avant la mi-temps. Puis Galiç, déjà buteur à l’aller, inscrit le deuxième but yougoslave juste après le retour des vestiaires. Blanchet permettra tout de même au FC Nantes d’égaliser, mais cela restera insuffisant pour espérer renverser leurs adversaires (2-2). Fin de parcours précoce pour des Canaris trop inexpérimentés mais qui sortiront avec les honneurs. Les yougoslaves quant à eux, échoueront en finale face au grand Real Madrid.

 

1966-1967 : Nantes s’en mord à nouveau les doigts

Nouveau titre de Champion de France, nouvelle chance pour les nantais de briller en Europe. Celle-ci commence par un déplacement encore plus long que celui de Belgrade. Cette fois, les Canaris sont opposés lors du premier tour au KR Reykjavik et doivent se rendre en Islande pour affronter une formation réputée pour son jeu défensif. Le match est éprouvant, le combat intense mais les hommes d’Arribas tiennent leur premier succès européen. Grâce à un doublé de Jacky Simon et un but de Philippe Gondet, les Canaris l’emportent 3-2. Au retour, les Nantais sont bien plus à l’aise et déroulent leur jeu devant leur public. Résultat des courses : une victoire sans appel 5-2, une première qualification historique pour les huitièmes de finale et les coeurs nantais aux anges.

Mais le prochain obstacle est de toute autre facture : il s’agit du grand Celtic Glasgow au jeu dur, physique, mais surtout invaincu depuis 7 mois. Les écossais viennent à Marcel-Saupin en plein confiance et font déjouer sans surprise le jeu à la nantaise, notamment grâce à leur supériorité physique. Malgré un but de Magny, le FC Nantes doit s'incliner 3-1. Le match retour en perd de sa saveur, l’écart de niveau entre les deux formations est trop élevé et les Canaris s’inclinent sur le même score. La marche était une nouvelle fois trop haute. 

 

1969-1970 : Nouvelle humiliation britannique

Il faudra attendre l’année 1970 afin de voir le FC Nantes se qualifier pour une nouvelle compétition européenne. Le FC Nantes dispute la Coupe des vainqueurs de coupe, la C2, à la place de Saint-Etienne vainqueur en finale de Coupe de France mais déjà engagé en C1. Le premier tour oppose les Canaris à l’équipe norvégienne de Stromgodset IF. Le déplacement dans le sud de la Norvège se passe sans encombres pour les nantais qui déroulent leur football. Victoire sans appel, 5-0, grâce à des buts de Gondet, Levavasseur (x2), Arribas et Michel. Le match retour est un peu plus délicat. Les norvégiens choquent Saupin et inscrivent trois buts en cinq minutes. Voilà le FC Nantes mené 3-0 après une demi-heure de jeu, avant que Levavasseur puis Gondet ne sauvent l’honneur. Les Canaris doivent tout de même concéder la défaite, 3-2, mais l’objectif principal est validé : le club est qualifié pour la deuxième fois pour un second tour d’une coupe européenne.

Après les écossais de Glasgow, retour au Royaume-Uni pour les Canaris qui sont opposés aux physiques et rugueux gallois de Cardiff.  Devant 35000 spectateurs, Gondet ouvre le score sur une superbe action collective dès la première minute de jeu. Mais La “tornade galloise”, comme l’écrira L’EQUIPE, ne laisse ensuite aucune chance aux Nantais et plante cinq buts d’affilée. Score final, 5-1. Il s’agit encore aujourd’hui de la plus lourde défaite européenne concédée par Nantes, avec celles contre Leverkusen (1994) et Manchester United (2002). Nantes tente de bien faire au match retour à domicile mais face à des gallois sûrs d’eux, l’équipe d’Arribas doit s’incliner une seconde fois (2-1). L’opposition met en lumière inexpérience d’un jeu à la nantaise un peu trop naïf face au jeu physique britannique de l’époque, basé sur des centres à l’attention de grands attaquants physiques. 

 

1971/1972  : à la découverte de la coupe UEFA 

Troisième au classement lors de la saison précédente, Nantes pourra participer à la toute nouvelle compétition européenne : la coupe de l’UEFA. La même qui deviendra l’Europa League actuelle. Après de derniers parcours plutôt décevants, Nantes a espoir de bien figurer dans une compétition  européenne qui semble un peu plus à sa portée. La première confrontation les oppose à un adversaire coriace, le FC Porto. Mais les Nantais ne paniquent pas et signent une victoire décisive au Portugal, 2-0, grâce à un doublé d’Angel Marcos. En ballotage favorable les Canaris se montrent prudents lors du match retour à Saupin et tiennent le match nul (1-1). Angel Marcos est une nouvelle fois le buteur nantais. 

La belle qualification face à Porto a le mérite de provoquer l’engouement pour le tour suivant. 20000 spectateurs se réunissent à Marcel-Saupin pour assister aux 16èmes de finale aller face à Tottenham. Les anglais, alors en pleine confiance, traversent la Manche sûrs d’eux et de leurs qualités. Dominateurs, et plein de maîtrise, les londoniens posent des difficultés aux Nantais et repartent de la Cité des Ducs avec un bon match nul 0-0. La tâche s’annonce compliquée pour les Canaris. A White Hart Line et devant pratiquement 35000 spectateurs, les deux équipes disputent un match tendu. Les nantais entament bien le match mais se font surprendre au quart de jeu. Henri Michel rate son dégagement et Martin Peters reprend de demi-volée. Le ballon lobe Bertrand-Demanes et rentre dans la cage à l’aide de la transversale. Sonnés, les Canaris n’arriveront plus à se relever et il faudra un Bertrand-Demanes impérial pour empêcher les londoniens d’aggraver le score. Comme tous les clubs français de l’époque, Nantes a souffert d’une différence physique trop importante face à un club britannique. 

Pour la troisième fois d’affilée, le FC Nantes doit s’arrêter au second tour et laisser le rêve d’une grande aventure derrière eux. Mais dans chaque compétition, il faut bien commencer par prendre ses marques afin de pouvoir ensuite en tutoyer les sommets ...