Pour tout dire, on ne savait pas comment le prendre, ce hasard du calendrier qui nous infligeait, dès la première journée du championnat 2023-2024, la réception du Toulouse Football Club, le même qui éparpilla nos Canaris façon puzzle sur la pelouse du Stade de France et sous les yeux de la France entière.
Le mois doute
Mais, comme le chantait Nougaro, "Il faut tourner la page". Cet air convient parfaitement aux premières journées de championnat, où l’on ferme pour de bon le chapitre de la saison précédente pour se jeter sur une page blanche qu’il nous tarde d’écrire. Ce Nantes-Toulouse ne sera pas une revanche mais bien une piste d’élan vers l’avenir.
On aurait dû se rendre à cette rencontre l’esprit léger, impatient de voir se donner le coup d’envoi sous un soleil estival. Mais la réalité du monde nous a rappelé à l’ordre. Deux jours avant le match, un arrêté préfectoral a interdit à toute personne se prévalant d’être un supporter toulousain la liberté la plus élémentaire de se promener en ville avant de se rendre au stade. Bref, tout le monde ne tourne pas vraiment la page.
Dans le même temps, on nous assure que Pierre Aristouy, l'entraîneur du FC Nantes, serait déjà “sous pression”. Les rencontres de préparation auraient nourri quelques doutes en haut lieu. Y aurait-il un mot qu’ils ne comprennent pas dans “match de préparation” ?
Quoi qu’il en soit, l'entraîneur garde le soutien des supporters du FC Nantes. Avec Pierre Aristouy, on entrevoit le retour aux fondamentaux du club. Un homme issu de la formation que l’on poste à la tête de l’équipe première, avec l'intention d'utiliser les ressources du centre de formation, rappelle quelques-uns des meilleurs épisodes de l’histoire du club.
Eloge de la patience
La rencontre débute idéalement avec un pénalty transformé par Mostafa Mohamed au bout d’un quart d’heure. Une douce euphorie parcourt les travées de la Beaujoire avant que la deuxième mi-temps ne vienne assombrir le tableau. Une égalisation des Toulousains survient à l’heure de jeu, accompagnée par la blessure d’Alban Lafont, contraint de laisser sa place à Denis Petric. Puis en toute fin de match, les joueurs en violet nous assignent un nouveau but, définitif et cruel.
La défaite (1-2) est difficile à avaler mais n’a rien d'inattendu. Elle ne remet pas en cause notre soutien au coach et à ses joueurs. Nos inquiétudes résident plutôt dans la capacité des décideurs à rester patients. On redoute déjà qu’ils réactivent leurs réseaux d’agents toujours prompts à placer sur un banc délaissé un entraîneur de leur écurie.
Fort de ses résultats chez les U19 (deux titres de champions consécutifs), Pierre Aristouy a pour projet d’intégrer les jeunes dans l’équipe première, à l’image de Nathan Zézé, 18 ans, qui a signé son premier contrat pro en juillet. Natif du coin et formé au club, tout comme Quentin Merlin, le jeune défenseur représente l’idée que l’on se fait du futur du FC Nantes. A condition qu’en haut lieu, on soit plus soucieux de ses progrès footballistiques que de sa valeur marchande.
Le projet que porte Pierre Aristouy est comparable à celui des Arribas, Suaudeau et Denoueix. Cela ne se monte pas en une intersaison. Il faudra apprendre à ne pas précipiter les choses et à perdre quelques rencontres sans demander la tête de l'entraîneur. C'est finalement le principal enseignement de cette rencontre.