Photo : Stéphane Piriou

Une question se pose à la fin de cette rencontre ! Les 30.000 vaillants supporters et supportrices nantais réunis à la Beaujoire ainsi que celles et ceux présents derrières leurs télévisions, auront-ils réussi l’exploit de ne pas s’assoupir devant ce match nul (dans tous les sens du terme) ? De spectacle footballistique il n’y a pas eu en ce doux après-midi du mois d’avril. En revanche, nous avons pu être frappés par la médiocrité du jeu proposé sur le terrain. D’un côté comme de l’autre. Deux équipes faibles et incapables de créer. Le Toulouse Football Club (TFC) était sur une série de 5 défaites consécutives. Qu’aurait donc pu faire le Football Club de Nantes (FCN), fort de son point arraché face à l’ogre parisien, pour ne pas remporter ce match ? Quoi donc ? La réponse fut connue environ 1 heure avant le début de la rencontre grâce à un bout de papier : la feuille de match. Aligner 5 défenseurs, dont aucun n’a de vocation (ou de qualité) offensive, à domicile, contre une équipe au fond du trou relève de l’hérésie. Néant tactique.

Un, deux, trois, courrez !

Sur le beau rectangle vert de la Beaujoire, ce sont principalement des lignes que chaque spectateur et spectatrice de cette rencontre ont pu regarder. Parmi ces lignes, celles tracées pour délimiter le terrain, inamovibles, et celles composées des joueurs du FC Nantes, elles aussi inamovibles. Des belles lignes de joueurs, bien horizontales. Que demander de plus n’est-ce pas ? Le football c’est un peu de la géométrie après tout. Mais attention ! Surtout, surtout ne pas créer d’asymétrie ou de déséquilibre, ne pas rompre les lignes volontairement, ou bien le péril court. Car la tactique chez les Jaune et Vert en est réduite à cela, une formation structurée principalement par deux lignes horizontales.

Développons quant à celle-ci. L’avantage de cette « idée » (avec de grands guillemets), c’est qu'elle permet d’avoir un bloc bien compact, avec des joueurs rapprochés, et qui donc laisse peu d’espaces aux joueurs adverses. Son inconvénient cependant, c’est qu’elle n’inclut pas réellement de dispositions quant au jeu offensif. En effet, si ce n’est permettre de lancer des longs ballons au-delà de la défense et espérer voir un défenseur glisser ou se faire dépasser à la course, il n’y a rien à espérer offensivement. Intéressant il serait de savoir si Matthis Abline et Moses Simon s'entraînent au sprint à la Jonelière. Pas de bons chronos pour nos deux virtuoses nantais aujourd’hui, nous avons pu l’observer avec certitude. Bien seuls devant et bien peu inspirés. Cette « idée » ne fonctionne que contre plus fort que soi. Elle fonctionne parfois car elle agace mais aussi, disons-le, car Anthony Lopes est un excellent gardien. Cette stratégie de la ligne horizontale inamovible (appelons-la comme cela) ne peut s’exprimer sans un portier majestueux et irréprochable. Quoi qu’il en soit, elle montre ses limites à chaque match des Canaris face à un concurrent direct. Il n’est jamais trop tard pour changer ou se remettre en question, n’est-il pas ?

Même les joueurs semblent montrer un certain agacement. Tel en a témoigné l’interview de Nicolas Pallois au micro du diffuseur DAZN à la fin de la rencontre. Informé qu’il avait été élu « Homme du match », le doyen nantais s’en est dit déçu. Car, comme il l’a bien exprimé, si le FC Nantes avait fait le travail à 11 contre 10, ce n’est pas lui qui aurait dû recevoir cette récompense. Celle-ci symbolise en effet l’échec finalement. Tout comme le démontrent d’ores et déjà les statistiques de passes de la première mi-temps. Parmi les 3 joueurs ayant touché le plus de ballons, 3 défenseurs, dont Nicolas Pallois et Jean-Charles Castelletto. Navrant, tout comme les expected goals nantais qui ont atteint la phénoménale somme de 0.90 (soit moins d’une chance de but potentiel créée dans le match).

Abymes offensifs

Alors que Toulouse était logiquement réduit à 10 à partir de la 36e minute, l’expérimenté coach nantais a eu la très bonne idée d’effectuer des changements offensifs (ceci n’est pas du sarcasme). Non, non, vous ne rêviez pas, Mostafa Mohamed a bien remplacé Douglas Augusto à la reprise de la seconde mi-temps. Une attaque à 3 donc, mais toujours une défense à 5. Il aura alors fallu attendre la 66e minute pour passer à un plan de jeu davantage offensif. Attention les yeux ! Un changement tactique qui n’aura absolument rien produit, si ce n’est une occasion manquée par M. Mohamed.

Ce fut un nouvel échec tactique car cette équipe ne joue jamais dans de telles dispositions, elle n’a donc aucun automatisme impliquant autant de joueurs offensifs. Par ailleurs, l’absence de milieux de terrains créatifs a empêché de déstabiliser des Toulousains très sereins dans leurs quinze mètres. Aussi, la seconde mi-temps nantaise s’est résumée à des centres en veux-tu en voilà. L’axe n’a jamais réussi à être exploité. Tous les offensifs restaient dans la surface dans l’espoir qu’un centre miraculeux parvienne sur leur tête ou bien qu’un ballon atterrisse aléatoirement dans leurs pieds. Quelle plaie !

Plutôt que d’essayer de jouer et de mettre sur le terrain des joueurs qui en ont les qualités, Antoine Kombouaré a préféré jouer la peur au ventre. Le FC Nantes a donc joué contre Toulouse comme il l’a fait contre Paris. Il en ressort avec le même nombre de points. Le club des bords de l’Erdre avance si lentement qu’il risque bien de se faire rattraper. Prions pour que l’escargot ne finisse pas cuit.