Peux-tu brièvement te présenter aux lecteurs, comment es-tu devenu supporter de l’OM ?
Je suis Blaah, auteur de la Canebière Académie depuis 2012 sur horsjeu.net, le site à la limite du fooballistiquement correct. Ancien abonné au stade, j’attends avec impatience que mes filles aient grandi et que le virus nous lâche la grappe pour y retourner aussi vite que possible.
Ayant grandi en Provence, qui plus est dans les années 1990, la question « comment es-tu devenu supporter de l’OM ? » trouve une réponse assez évidente.
Quel est ton point de vue sur le début de saison de l’OM ?
S’agissant d’une interview écrite on ne peut pas répondre en vomissant, mais essayons d’approcher ce sentiment par des mots. Le début de saison a oscillé entre des victoires obtenues malgré un jeu ignoble et sans ambition, et des défaites récoltées à cause d’un jeu ignoble et sans ambition. Plus que les résultats ponctuels, c’est cette incapacité de capitaliser sur une bonne saison qui est très exaspérante, comme si chaque année correcte devait être suivi d’une crise qui ne laisse qu’un champ de ruines.
Cette semaine, Marseille a gagné son premier match depuis presque deux mois. Mais en 2021, le club fait plus parler de lui à l’extérieur que sur le terrain. Entre les incidents à la Commanderie, la démission de Villas Boas et les dernières annonces de la direction, le climat est très tendu entre supporters et dirigeants. Quelle est ton analyse de la situation ?
La direction semble aux abois. À la suite des incidents, chacun appelait à l’apaisement : joueurs et personnalités politiques, si ce n’est les groupes de supporters eux-mêmes. Pourtant, JH Eyraud et le « head of business » Hugues Ouvrard se sont enfermés dans une attitude de provocation systématique. Dernièrement, leur but affiché est de vider le stade des groupes de supporters : je ne m’étends pas sur ce que j’en pense moralement, mais c’est aussi d’une stupidité sans nom. Qu’est-ce qui fait la notoriété de l’OM, sinon son public ? Certainement pas ses résultats sportifs du moment, et encore moins sa gestion.
Sur le court terme, je crains que la direction ne se soit engagée dans un combat « à mort », d’autant que les résultats sportifs ne sont pas là pour faire tampon : soit la direction sautera, soit elle parviendra à ses fins en purgeant le club de tout le côté populaire (et peu consommateur) qu’elle déteste. Autant dire que pour les amoureux de l’OM, la première option est préférée, d’où la mobilisation actuelle que je partage entièrement.
Que souhaites-tu à l’OM à court et moyen terme ?
À court terme : sur le plan institutionnel, la démission de MM. Eyraud et Ouvrard. Sur le plan sportif que les bonnes dispositions actuelles de l’équipe se poursuivent. À moyen terme, on parle beaucoup de la vente du club et je suis assez tiraillé. D’un côté, l’OM de Frank McCourt n’a jusqu’ici tenu aucune de ses promesses, et à moins d’une révolution dans l’approche du club, peu probable, on ne voit pas comment il en irait autrement même avec un changement de l’équipe dirigeante.
D’un autre côté, alors que l’on parle comme rarement des valeurs de Marseille et du football populaire, avoir un nouveau propriétaire étroitement lié à ce sympathique royaume saoudien ne serait guère plus facile à vivre. Surtout quand nous insultons, à juste titre, le PSG qatari depuis des années
L’OM se déplace donc à la Beaujoire, face au FC Nantes où là aussi le malaise est grand entre supporters et dirigeants. D’un avis extérieur, quel est ton point de vue sur ce qu’il se passe à Nantes ?
Eh bien on dirait que nos présidents respectifs se sont juré de se livrer au concours du plus taré. Certes, le nôtre a montré des qualités humaines et professionnelles déjà discutables en temps normal, avant de complètement lâcher la rambarde en période de crise. Pour autant, le vôtre semble avoir encore moins de garde-fous. Pour le FC Nantes comme pour nous, on peut vraiment parler de patrimoine en péril.
La différence que je pourrais retenir (vu de l’extérieur de la Jonelière en tout cas), c’est que Waldemar Kita semble se comporter en autocrate déjanté, comme tant de présidents ont pu l’être à n’importe quel moment de l’histoire du football : le problème semble véritablement résider dans sa personne. Eyraud, lui, en plus d’être un individu détestable, véhicule aussi toutes ces idées très actuelles et peu reluisantes sur le football moderne – et plus globalement sur la start-up nation – qui s’enracinent assez bien dans l’époque.
On va revenir un peu au sportif, quel est ton meilleur, mais également ton pire souvenir face à Nantes ?
Curieusement je n’ai pas de souvenir « extrême » comme il m’en reste d’autres clubs. Il faut dire que ces dernières années, les rendez-vous contre Nantes étaient un peu avares de sensations fortes, entre défaites navrantes et résultats variés obtenus le plus souvent après une bonne purge.
Sur le plan du négatif, j’ai la frappe improbable de Maréval il y a quelque temps et plus récemment, une belle bérézina en 2017 sous l’ère Rudi Garcia.
Sur le plan des bons souvenirs, ne me demandez pas pourquoi, j’ai ce souvenir du stade Vélodrome quand Belmadi marque dès la première minute, dans une saison 2000-2001 qui nous ferait grandement relativiser la crise actuelle. Plus récemment, chaque intervention de votre défenseur Nicolas Pallois me plonge dans des abîmes de béatitude, mais je ne vais pas le dire trop fort, c’est un coup à ce qu’il marque ce week-end.
Hormis Waldemar Kita et Jacques-Henri Eyraud, quels seront pour toi les joueurs à suivre demain ?
Nicolas Pallois évidemment. Chez nous, j’aimerais bien voir la confiance accordée aux jeunes joueurs se poursuivre, en espérant que leur fraîcheur continue à tirer vers le haut les dépressifs du groupe.
Comment sens-tu le match et quel est ton pronostic ?
Avec deux équipes aussi fragiles, c’est par excellence le match incertain, où le moindre fait de jeu défavorable peut complètement plomber l’une ou l’autre. Je sens bien une bonne grosse faute de brute faire basculer la rencontre (vous ai-je déjà parlé de notre running-gag sur Nicolas Pallois ?).