Le match était entamé depuis 28 minutes et Nantes maîtrisait plutôt les opérations, en tout cas il avait posé sa patte sur le ballon, il en avait le plus souvent la possession (près de 60%) et même si cette domination ne s’était pas concrétisée par des occasions très nettes, encore que Mollet aurait pu ouvrir le score peu auparavant sans une belle intervention de N’Diaye à ras-de-terre, rien ne semblait annoncer la désillusion qui attendait les Canaris. Il faisait froid, la tribune Loire était vide, par la grâce de la Ligue qui n’a pas encore trouvé le moyen de sanctionner les excès autrement que par une punition collective, on n’imaginait pourtant pas, pas encore, que bientôt un bloc de glace et de désolation allait s’abattre sur le stade et que le dernier du classement allait parvenir à y gagner, aux forceps, sa 3e victoire en 18 rencontres. Un succès qui lui a redonné de l’espoir alors que la bise de la peur va de nouveau souffler sur Nantes.

Ballon relâché par Lafont et un arbitre qui ne bronche pas

Soudain, sur l’une des premières contre-attaques clermontoises, Virginius se retrouva en position de shoot. Lafont repoussa. C’était un avertissement et il était sans frais. La casse ne tarda pourtant pas à survenir, à peine 60 secondes plus tard. Konaté centra de la gauche, le ballon fut très mal repoussé par Lafont et Nicholson, ravi de l’aubaine, le propulsa dans les filets.

Il serait faux de dire que ce coup du sort, car c’en était un vu le scénario tel qu’il s’écrivait jusque-là, abattit les Nantais. Ils tentèrent de se rebeller et suite à une main de Boutoba, l’arbitre fut invité par la VAR par décider s’il y avait lieu de décréter penalty. Il décida que non, il ne jugea pas davantage judicieux de sanctionner la façon dont avait été stoppé le contre clermontois qui avait pris corps dans le prolongement de l’action.

Nantes s’énerve

Cette décision énerva les Nantais, d’autant qu’ils butaient sans succès sur Massamba N’Diaye, athlétique (2,02m) et jeune gardien (22 ans) qui faisait solide garde dans la cage clermontoise. Il repoussait tout, une volée de Chirivella notamment (32e). A l’occasion il chauffait même le crâne de Florent Mollet qu’il heurtait en même temps qu’il dégageait le ballon (35è).

L’attaquant nantais éprouvait quelques difficultés à retrouver ses esprits et Nantes commençait à s’égarer en s’orientant vers un jeu de plus en plus physique qui ne pouvait que favoriser ses adversaires. Il évoluait aussi, surtout, sans style véritablement défini car si le rôle dévolu à  Traoré et Kadewere était clair, il leur fallait servir de flèches offensives, ceux de Mollet, tantôt en soutien, tantôt en pointe, Chirivella et Douglas Augusto l’étaient moins alors que Moussa Sissoko peinait à digérer son bon match à Pau. Il était redevenu lent, lourd, imprécis.

Mollet, en verve, égalise

Lorsqu’en tout début de seconde période (47e), Mollet égalisa en reprenant impeccablement un centre astucieux de Traoré entre les jambes de Borges, les Canaris crurent pourtant avoir rétabli durablement la situation, effectué presque le plus dur. Bamba avait remplacé Chirivella, ils semblaient mieux armés offensivement. Mais ils l’étaient moins dans l’entrejeu et peu à peu les Auvergnats sortirent la tête de la glace et la possession s’équilibra. Florent Mollet, sans doute le meilleur joueur de l’après-midi, continua pourtant à tourmenter N’Diaye (52e, 65e), lequel avait soupiré d’aise en voyant Ogier contrer un tir de Bamba (56e). Nantes était encore porté par de belles espérances, il crut qu’elles allaient se concrétiser quand l’arbitre désigna le point de penalty pour l’intervention de N’Diaye dans les pieds de Traoré. Manque de chance : son assistant avait, avec raison, signalé un hors-jeu (58e).

La suite fut douloureuse. Mollet était toujours en verve mais un autre joueur, Nicolas Palois, se mettait de plus en plus évidence et c’était un double mauvais signe : le jeu avait définitivement tourné au combat physique et Clermont devenait dangereux. On était tout de même en droit d’attendre autre chose que ce football-là d’un entraîneur comme Gourvennec qui, présenté par sa direction comme le sauveurquasi-assuré lors de son intronisation, voguait vers sa 4edéfaite en 5 matches de championnat. Aie, aie, aie.

Traoré expulsé, Nantes à 10

Justement, Gonalons souffrait en dehors du terrain où il se faisait soigner. Pascal Gastien finit par décider de le remplacer et pour faire bonne mesure  il décida de procéder à deux autres changements. Tandis que se déroulaient ces opération, Romain Lissorgue, l’arbitre, alerté par la VAR, consultait son écran sur le bord du terrain. Quand il y revenait il désignait Bénie Traoré et brandissait sous son nez un carton rouge, résultat d’une semelle sur la cheville de Keita.

A un peu plus d’un quart d’heure de la fin, Nantes se retrouvait donc à 10. Il aurait peut-être du se contenter de ce nul qui aurait laissé Clermont loin au classement. Peut-être. Un but gag (dégagement de N’Diaye contré par Kadewere, ballon qui flirte avec le poteau, 77e) aurait pu toutefois lui rapporter le jackpot. Mais les Canaris, en réalité, avaient perdu le fil, les entrées en jeu de Centonze et surtout de Duverne (à la place de Cömert) ne suscitèrent aucun enthousiasme et c’est carrément le match qui leur échappa quand Bamba égara un ballon en phase offensive. Le contre clermontois se développa sur la droite, Cham centra, Nicholson laissa passer le ballon et Jim Allevinah ajusta Lafont. Il restait seulement 6 minutes (dont 5 de temps additionnel) et les yeux pour pleurer de froid et de dépit.

LA FICHE

A Nantes (La Beaujoire) : Clermont-Ferrand bat FC Nantes 2-1.

20.866 spectateurs. Arbitre : Romain Lissorgue.

Buts : pour Clermont : Nicholson (29e), Allevinah (89e) ; pour Nantes : Mollet (47e).

Avertissements : Mollet (38e), J. Gastien (54e). Expulsion : Traoré (73e). Temps effectif : 97’ (45+2), 90+5. Possession : 51,8 % pour Nantes. Tirs cadrés : 9 pour Nantes, 6 pour Clermont. 

FC Nantes : Lafont – Coco (puis Centonze, 75e), Cömert (puis Duverne, 87e), Pallois, Merlin – Cissoko – Douglas Augusto, Chirivella (puis Bamba, 46e), Mollet – Traoré, Kadewere.