Malgré la pluie, le stade Marcel-Saupin est copieusement rempli. Il faut dire que l'adversaire est de qualité et que le défi est grandiose. Une qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe de France féminine est en jeu.

Douchées dès les premières minutes

Les Canaries commençaient en bloc très bas et subissaient la domination sans partage du PSG. La volonté, compréhensible, était sans doute de ne pas trop s’exposer. Mais, si les joueuses de la Capitale se montraient déterminées, elles n’en n’étaient pas moins appliquées, techniques et fluides. On peut subir en football, surtout contre un adversaire de ce calibre. Mais, c’est tout de même mieux quand on peut avoir l’occasion de ressortir le ballon proprement. Nous savons ces Jaunes-là capables de très bien le faire, avec un certain talent même, mêlé d’enthousiasme, d’enchaînements collectifs, de jeu juste, et de courses vers l’avant.

Sauf que les Parisiennes, à commencer par leurs cadres de l’équipe de France, n'entendaient pas laisser ce loisir aux pensionnaires de Saupin. Privées du ballon, les Nantaises jouaient dangereusement autour ou dans la “boîte”. Ce n’est pas toujours facile de bien produire dans ce petit périmètre, mais Paris s’y est appliqué avec le plus grand sérieux, donnant une impression d’assurance voire, d’aisance manifeste. Une première alerte dès la 6e minute. Puis, deux minutes plus tard, une remise (de volée, et très bien dosée) de Grâce Geyoro, trouvait Traoré au neuf mètres, qui fusillait Emily Burns, impuissante, à bout portant (0-1). La partie s’engageait mal.

Une autre frappe parisienne se montrait sans conséquence la minute d’après (11e). Trop spectatrice, trop respectueuse peut-être, l’équipe nantaise souffrait, reculait… La sphère brûlait encore davantage les crampons de nos Canaries. Dès le quart d’heure de jeu, sur une perte de balle initiale dans les 35 mètres des Jaunes, Jennifer Echenini portait imparablement le handicap à deux buts de retard (0-2).

Cela récompensait fort, logiquement, un début à sens unique en faveur d’un PSG qui se rendait le match facile. Cela gratifiait aussi la buteuse d’un rayonnement sans équivalent au milieu, avec ses comparses bleues Karchaoui, tenant le ballon, plus haut Geyoro, mais, aussi, Jackie Groenen. Même, de son aile droite, Jade Le Guily se joignait à la fête parisienne.

Une légère embellie nantaise

Plus rien à perdre ? Orgueil touché ? Comme nous vous le disions, ces Jaunes-là, bien tendres sur ces 20 / 25 premières minutes, ont de la ressource, et, se trouvant peut-être libérées récupéraient leurs vertus joueuses et collectives. Juliette Mossard entre autres, tentait toujours d’insuffler rythme et jeu, et, à gauche, ça s'animait. Une première offensive aurait pu aboutir à un ”autogoal” parisien. A la 28e, le but adverse connaissait sa première alerte. Ce n’était que partie remise. En prenant les mêmes pour recommencer, un nouvel enchaînement collectif à gauche fait de bons déplacements et de très bonnes (premières) intentions, permettait à Louise Fleury de servir Danielle Marcano pour devancer la gardienne Parisienne (1-2).

Mieux, à la 37e, un ballon dans les pieds de Juliette Mossard, voyait des 30 mètres la jeune Nantaise tenter avec un culot certain un bijou de frappe enroulée tutoyant presque l’angle du but Parisien. Quelle inspiration ! Un éclair dans la tempête. A 2-2 le match aurait peut-être pris une autre tournure, surtout sous cette forme spectaculaire. Le public, avec le même cœur que ses protégées se mettait à y croire jusqu’à la pause. Heureusement que sur un caviar dans les 6m, juste avant les citrons, Grâce Geyoro s’emmêlait curieusement un peu les crayons, reprise de justesse, pour « bouffer la feuille » de cette première mi-temps.

Les Nantaises prennent l’eau

Qu’allait-on retrouver sur cette seconde manche ? Les Parisiennes dominatrices des premières 25 minutes, ou celles plus jaunes des vingt dernières minutes ?

La réponse arrivait vite, trop vite. Les Nantaises, trop facilement débordées, le ballon, remis à l’entrée de la surface, voyait la défense des Canaries attentiste qui ne montait pas assez vite sur Tara Elimbi-Gilbert. Elle sanctionnait les jaunes en ajustant parfaitement sa frappe chirurgicale dans leur lunette droite. Le timing et le genre du but qui font mal, surtout quand on a laissé tant d'énergie pour recoller au score (1-3).

En football, on dit souvent que le 3e but, c’est la « porte ouverte ». Que dire, alors, quand il est suivi d’un quatrième, d’une frappe aussi limpide que définitive. Dès lors le cavalier seul parisien pouvait s’affirmer. La maîtrise ne quittera plus les représentantes de la Ville Lumière, l’horizon Nantais s’assombrissait pour de bon (1-4).

Le calice jusqu’à la lie

La région possède son breuvage Sèvre et Maine sur lie, mais, à l’heure de jeu la rencontre allait livrer aux Nantaises que la lie ! Le football est parfois cruel. Juliette Mossard qui s’évertuait à prendre le jeu à son compte, relayant vers l’avant, perçant les lignes au possible, et dont, nous savons qu’il peut toujours se passer quelque chose avec elle, tentait une passe dans l’axe interceptée. Bien négocié à droite, le centre trouvait la tête de Romée Leuchter pour le cinquième but parisien, son premier personnel (1-5).

Tout était déjà devenu fatalement plus facile pour le club de la Capitale. Les Canaries ne sortaient maintenant plus de leur camp. Les changements, nombreux et, même quelques cartons (parfois plus inutiles que sévères), n’altéraient aucunement la fin du match. Le PSG monopolisait le ballon, allait plus vite, et plus en profondeur chez les Jaunes.

Hormis le monopole de Paris, rien de notoire ne se produisait jusqu'à la 88eme ou cette même Romée Leuchter parachevait la qualification Parisienne d’un joli coup-Franc (1-6).

Dur pour les joueuses de Nicolas Chabot. Cependant, l’arbitre abrégeait presque aussitôt les souffrances de nos représentantes du bord de la Loire avant même la 90e minute. Outre les intempéries, le public refroidi par l’amplitude du score ne songeait qu’à retourner se réchauffer. On aura eu le privilège d’y croire un peu jusqu’à la reprise. Vivement de retour au championnat ! Il y aura encore de belles choses à venir, avec ces Nantaises, car même ce match peut contribuer à leur apprentissage de l’élite.