Photo : Carl-Marie Taillard

La Coupe de France est la plus belle des épreuves du football français. Elle invite tous les clubs, amateurs comme professionnels, à se rencontrer. Sa popularité doit beaucoup aux oppositions de clubs venus d’univers différents et aux exploits que cette situation génère à chaque tour.

On a volé la Coupe de France

Lorsqu’elles sont diffusées à la télévision, les rencontres de Coupe de France font de bons scores d’audience, d’autant qu’elles passent en clair sur les chaînes publiques. Mais ça, c’était avant. Depuis quelques années, il faut être abonné à une chaîne à péage (ou maîtriser quelques astuces du dark web) pour regarder la diffusion d’un match de la Coupe de France. La compétition la plus populaire du football français a été privatisée. Elle a été volée au peuple, comme l’a dénoncé l’avocat-supporter Pierre Barthélemy dans un post sur un réseau social trumpiste au lendemain du tirage au sort des seizièmes de finale.

La chaîne qui a acquis les droits traite ainsi la Coupe de France comme une vulgaire ligue commerciale. Elle plaque les rencontres à des horaires différents pour élargir son champ de diffusion. Elle rabote le format en supprimant les prolongations pour éviter tout débordement sur l’horaire. Et puisque tout est permis, elle programme les seizièmes de finale en milieu de semaine, au mépris des clubs amateurs encore en lice dont les joueurs ont des obligations professionnelles.

Les supporters aussi sont souvent des gens qui travaillent et qui n’ont pas le temps de se rendre au stade en semaine, même si leur club joue le plus grand match de son histoire. D’autant que cette rencontre est souvent déplacée dans un stade voisin quand le leur ne respecte pas les normes réglementaires. Ces supporters sont ainsi contraints de payer leur éco pour voir leur équipe à la télévision. Cette situation, dénoncée par François Da Rocha Carneiro dans l’interview qu’il nous avait accordé en octobre, a le mérite de “nous faire redécouvrir l’envie de suivre le football à la radio”.

Trente-et-un jours après

C’est donc à la radio que votre serviteur suit le huitième de finale qui oppose Brest à Nantes. Il s’agit de deux équipes de Ligue 1 pour qui disputer une rencontre en milieu de semaine ne pose pas de difficultés particulières, sinon celle d’alourdir le calendrier dès le début de l’année civile. Les deux formations bretonnes se retrouvent trente-et-un jours après un affrontement en championnat qui avait tourné à la déroute pour les hommes d’Antoine Kombouaré. Toutefois, nos Canaris arrivent au stade Francis-Le-Blé sur une bonne dynamique, après avoir explosé l’impudent Drancy puis tenu en échec deux cadors du championnat, Lille et Monaco.

Seulement, la mer n’est jamais calme dans le Finistère. Après un premier quart d’heure encourageant, la coque de noix jaune et verte subit des vagues de plus en plus impressionnantes et observe ses premières fissures. C’est du moins l’impression que nous donnent les commentaires passionnés de Marius Delaunay sur Ici Loire Océan. Le paquebot brestois inscrit deux buts et les Canaris déclenchent déjà les balises argos alors que l'on a tout juste atteint la mi-temps.

Le naufrage se confirme en seconde période, en dépit du calme apparent de l’océan. Les Canaris remontent le courant à la nage et le jeune Herba Guirassy parvient à donner un semblant d'intérêt à la fin du match en réduisant l’écart.

Malgré les exclamations du commentateur radio, l’espoir se consume peu à peu et disparaît complètement lorsque l’arbitre siffle la fin du match. Dans les studios, les consultants devisent sur le mal nantais avec la sensation de se répéter depuis plusieurs rencontres. Sur WhatsApp, quelques messages provenant du Pays de Léon charrient quelques photos et surtout les habituels éléments de chambrage. La Coupe, c’est déjà terminé pour le FCN. Il s’agit désormais de se concentrer sur le championnat et de préparer au mieux le déplacement à Saint-Etienne.