Le FC Nantes reste sur deux douloureux échecs européens, des sorties de route dès le premier tour concédées face à Lokeren (en 1981) et le Rapid Vienne (en 1983). Quand le tirage au sort du premier tour de la Coupe de l’UEFA 1985/1986 lui désigne le Valur Reykjavik, les Nantais émettent un discret ouf de soulagement, le football islandais étant alors une adversité moins impressionnante que celles de la Belgique ou de l’Autriche. 

Les Nantais sur la lune

Le club nantais n’en est d’ailleurs pas à son premier voyage dans l’île perchée tout au Nord de l’Europe, tout près du cercle arctique. Dix-neuf ans plus tôt, en 1966, les hommes de José Arribas avaient obtenu la première victoire de l’histoire européenne du club sur la pelouse du KR Reykjavik (3-2). 

C’est à un autre club de la capitale islandaise que rendent visite les joueurs de Jean-Claude Suaudeau le 17 septembre 1985. Le Valur est un rival du KR mais aussi du Fram, les trois clubs dominant le championnat islandais depuis sa création en 1912.  Bien qu’il en soit à sa onzième participation européenne, le Valur ne compte en tout et pour tout qu’une seule victoire à ce niveau, un petit 1-0 réussi en 1977 contre les redoutables Irlandais de Glentoran (qui obtiendront malgré tout la qualification au retour).

L’Islande est un pays au paysages particuliers et les joueurs nantais avouent qu’ils ont l’impression d’atterrir sur la lune quand ils descendent de l’avion. La rencontre se déroule en fin d’après-midi, dans un stade sans éclairage et doté d’une pelouse quelque peu défraîchie. Un léger soleil vient réchauffer une atmosphère rendue glaciale par la neige tombée dans la nuit. Un vent violent s’invite en outre sur le terrain dès le coup d’envoi. Devant deux mille spectateurs, les Nantais semblent toujours dans la lune. Alors qu’on attendait qu’ils assurent leur supériorité d’entrée, ils se font bousculer par de grands gaillards blonds qui obtiennent le score nul (0-0) à la mi-temps. 

Valur ajouté

Au retour des vestiaires, les Nantais se font surprendre par le dénommé Gudmundur Thorbjörnsson. Sur un corner, l’international islandais (28 ans, 37 sélections) saute plus haut que Kombouaré et reprend de la tête un ballon qu’il envoie dans les filets de Jean-Paul Bertrand-Demanes. Une ambiance de folie s’empare du stade. Celle-ci ne dure que deux minutes, le temps pour José Touré de reprendre de la tête un long centre de Bracigliano et de rétablir l’équilibre entre les deux équipes. 

Les hommes de Suaudeau se disent qu’une contre-performance serait plutôt malvenue et cherchent à prendre l’avantage. Mais l’ambiance champêtre, le terrain bosselé, la pluie, le vent, et surtout leurs adversaires empêchent les Nantais de jouer à leur guise. Ils dominent toutefois les débats et font tourner en profitant de la fatigue de leurs adversaires. 

Douche glacée à Reykjavik

Mais le vent allait tourner dans les dernières minutes. Les Islandais s’enhardissent, oublient leur fatigue, et sur un coup franc du dénommé Bergsson, l’inévitable Gudmundur Thorbjörnsson reprend de volée et trompe Bertrand-Demanes. C’est le deuxième but du héros. Stupeur dans toute l’Europe : les vice-champions de France ont été battus en Islande ! C’est un instant historique pour le Valur Reykjavik, qui n’avait jamais battu un adversaire de cette envergure.

Quinze jours plus tard, le match retour est le premier match de Coupe d’Europe abrité au stade de la Beaujoire. Les hommes de Suaudeau rendent alors une copie plus honorable, un 3-0 sec concrétisé par un doublé de Loïc Amisse (dont un but de la tête !) et le deuxième but signé José Touré.

Une qualification bienvenue pour un football français qui fait grise mine. Nantes est le seul club hexagonal qui passe le premier tour, Bordeaux, Auxerre, Monaco et Metz ayant été envoyés d’entrée dans le décor. Une nouvelle épopée est en route.