Même s’il a pour nom officiel celui de Louis-Fonteneau, on n’a jamais cessé de l’appeler le stade de la Beaujoire. Mais depuis cet été, on peut également lui décerner le titre de stade olympique de Nantes. Du 24 juillet au 8 août 2024, l'enceinte du FC Nantes a abrité huit rencontres des deux tournois olympiques de football, masculin et féminin. 

Du foot et des jeux, une histoire olympique de la Beaujoire

De nombreuses rencontres internationales ont forgé l’histoire du stade de la Beaujoire. On se souvient du championnat d’Europe 1984 puis des Coupes du monde de foot et de rugby, sans oublier des événements musicaux de grande envergure. Pour son quarantième anniversaire, notre stade favori est devenu une enceinte olympique le temps d’un été pas comme les autres.

Huit rencontres des tournois de football masculin et féminin ont été disputées à Nantes entre le 24 juillet au 8 août 2024. Il est dommage que la plupart se soient jouées devant un public clairsemé, mais l’ambiance y était excellente, familiale et passionnée, dans un esprit proche des rencontres de 1998 et loin de l’agressivité partisane des rencontres de championnat. 

Ce sont les équipes masculines de l’Égypte et de la République dominicaine qui ont donné le coup d’envoi olympique de la Beaujoire. Un match baigné de soleil estival, le même que France-Belgique 1984 avec cette ombre de la tribune Jules Verne qui gagne du terrain au fur et à mesure de l’avancée du match. Les trois coups ont été donnés par Antoine Kombouaré, le coach du FC Nantes. Que dire du match en lui-même sinon qu’il fut à l’image de son score (0-0) entre deux équipes qui ont eu un mal fou à se procurer des occasions. On imagine alors mal retrouver l'une d'elles en demi-finale. Parmi les 13.945 spectateurs, quelques grappes de supporters des deux camps ont bien tenté de créer un peu d’enthousiasme dans les tribunes majoritairement neutres, mais leur nombre était trop insuffisant pour transformer l’ambiance.

On a donc eu le temps de musarder dans les tribunes, pour constater à quel point c'est beau, un stade sans publicité. La Beaujoire porte en effet tous les oripaux de Paris 2024 et seule "Nantes Métropole" a-t-elle pu afficher sa marque. Une série de drpeaux ornent le haut de la tribune Océane, ceux des nations engagées dans le tournoi masculin. Curieusement, lors des rencontres féminines, ce sont les mêmes drapeaux qui resteront présents. 

L'Egypte, l'Espagne, l'Ouzbékistan... 

C'est le lendemain du premier match que la Beaujoire accueille le football féminin, avec une affiche de haut niveau : L’Espagne, championne du monde en titre, face au Japon, une des meilleures nations du foot féminin. Le soleil est à nouveau présent pour voir une écrasante domination des Espagnoles qui ne s’est pas vraiment traduite au tableau d’affichage (2-1). Bien que disputant leur premier tournoi olympique (le football féminin n’est aux Jeux que depuis 1996), les championnes du monde s’affichent comme des prétendantes à la médaille d’or. Le Japon quant à lui a gagné le match des tribunes (10.377 spectateurs) avec une poignée de supporters déguisés en personnages emblématiques de la culture manga. 

Au troisième jour, le soleil s’absente. Il faut dire que la veille, la pluie a été l’une des vedettes de la somptueuse cérémonie d’ouverture à Paris. La Beaujoire retrouve l’équipe d’Égypte, opposée à celle de l’Ouzbékistan. Les Pharaons s’imposent 1-0 sur un but heureux, mais c’est l’équipe d’Asie Centrale qui recueille les faveurs du public. Ses joueurs pratiquent un football alerte (qui toutefois manque un peu d'efficacité) mais ses supporters ont démontré un certain savoir-faire dans l’animation de tribunes (20.658 spectateurs). Un tambour a fait le tour du stade pour faire résonner des “ouh ah” du meilleur effet. Sur le plan visuel, un groupe avait revêtu l’habituel maillot bleu de l’équipe et arbore une coiffe blanche traditionnelle, ce qui de loin leur donnait un air de Schtroumpfs (ou de Philippe Katerine…). Un peu plus haut, un autre groupe portrait les trois couleurs nationales (vert, blanc et bleu) qu’ils avaient disposé comme le drapeau. Nous étions probablement un certain nombre à tout ignorer de ce pays. Aujourd’hui, nous savons placer l'Ouzbékistan sur la mappemonde du foot. Il est dommage que cette défaite contre l’Égypte ait signifié l'élimination de cette délégation, joueurs et supporters, ô combien sympathique.

Le soleil est de retour pour le quatrième jour où l’équipe féminine espagnole affronte le Nigeria. Cette affiche n’était pas sans nous rappeler 1998 et ce match somptueux qui avait opposé les deux sélections masculines… Vingt-six ans plus tard, la rencontre entre équipes féminines est beaucoup moins débridée. L’équipe nigériane a du répondant physique et perturbe les championnes du monde, lesquelles doivent leur salut à un coup franc aussi beau qu’astucieux d’Alexia Putellas. De toutes les équipes passées ici, cette formation espagnole est celle qui a produit le jeu le plus chatoyant. Il lui a manqué toutefois un soupçon d’efficacité pour écraser l’adversaire. Seulement 11.079 spectateurs ont assisté à cette rencontre. 

Quatre superbes coups francs

La cinquième rencontre se déroule dans une ambiance moins légère. La présence de l’équipe d'Israël nécessite un dispositif de sécurité renforcé. Face à elle se dresse le Japon, venu prendre la revanche de son homologue féminine battue cinq jours plus tôt. La rencontre débute à 21 heures et se termine dans la nuit. Le public est peu nombreux (11.671 spectateurs). C’est à la dernière minute que l’équipe japonaise fait la décision en marquant l’unique but du match.

Le lendemain sont opposées les deux équipes battues par l’Espagne : le Japon et le Nigeria. Devant une assistance famélique (6.480 spectateurs), le match des tribunes met à égalité les ambiances africaines et asiatiques. Les choses sont beaucoup plus débridées sur le terrain où les Japonaises dominent les Nigeriannes et assure leur victoire dès la première mi-temps (3-1).

Le premier tour est terminé et déjà un alléchant quart de finale nous est proposé à la Beaujoire : un France-Brésil féminin. Changement d’ambiance. Le stade est rempli (32.280 spectateurs) pour venir encourager les Bleues d'Hervé Renard. Celles-ci font un grand match, se procurent nombre d’occasions, mais se font surprendre en fin de rencontre par un but opportuniste de Gabi Portilho. La tristesse s’empare des travées.

Au dernier soir, la Beaujoire retrouve l'équipe d'Egypte qu'elle n'attendait pas à pareille fête. Le match pour la médaille de bronze fait le plein et oppose les Pharaons aux Lions de l'Atlas marocains dans un derby qui permettra d'augmenter considérablement la moyenne de buts, les Marocains l'emportant 6-0. En clôturant le score d'un magistral coup franc, Achraf Hakimi ajoute son nom à ceux de Aoba Fujino (Japon), Alexia Putellas (Espagne) et Hikaru Kitagawa (Japon) qui ont chacune inscrit à la Beaujoire un magnifique coup franc. 

Les Jeux olympiques sont déjà terminés et on ne peut s'empêcher den ressentir une certaine nostalgie. On se souviendra notamment de l'incroyable enthousiasme des bénévoles dont la bonne humeur et l'implication ont été pour beaucoup dans la réussite de ces journées olympiques. On ne soulignera jamais assez.   

Pour mémoire :

• Mercredi 24 juillet 2024 à 17 heures (tournoi masculin, 1er tour) : Égypte - République dominicaine (0-0) devant 13.945 spectateurs.er tour
• Jeudi 25 juillet 2024 à 17 heures (tournoi féminin, 1er tour) : Espagne - Japon (2-1) devant  10.377 spectateurs.
• Samedi 27 juillet 2024 à 17 heures (tournoi masculin, 1er tour) : Égypte - Ouzbékistan (1-0) devant  20.658 spectateurs.
• Dimanche 28 juillet 2024 à 19 heures (tournoi féminin, 1er tour) : Espagne - Nigéria (1-0) devant  11.079 spectateurs.
• Mardi 30 juillet 2024 à 21 heures (tournoi masculin, 1er tour) : Israël - Japon (0-1) devant  11.671 spectateurs.
• Mercredi 31 juillet 2024 à 17 heures (tournoi féminin, 1er tour) : Japon - Nigéria (3-1) devant 6.480 spectateurs.
• Samedi 3 août 2024 à 21 heures (tournoi féminin, quart de finale) : France-Brésil (0-1) devant 32.280 spectateurs.
• Jeudi 8 août 2024 à 21 heures (tournoi masculin, médaille de bronze) : Maroc-Egypte (6-0) devant 27.391 spectateurs.