Dès le début du livre, l’auteur explique la capacité de résilience que l’on est capable de mettre en œuvre pour ne pas voir l’évidence. Le signe avant-coureur de la maladie se traduit pour lui par une importante fatigue qu’il subit au quotidien mais qu’il refuse de reconnaître. Il va mettre celle-ci sur le compte d’une activité professionnelle intense liée à sa reconversion réussie dans le domaine de l’immobilier. En effet, après sa brillante carrière dans le monde du football, il décide de se prouver à lui-même sa capacité à entreprendre dans l’univers des affaires. Un nouveau challenge qu’il va préparer dans les dernières années de sa carrière nantaise où il se forme à la gestion et la fiscalité. Lors des déplacements, le coach Suaudeau n’est pas rassuré de le voir s’enfermer dans sa chambre pour préparer ses examens : il craint de le voir se démobiliser psychologiquement.
Le combat contre la maladie
Le 15 mai 2010 lorsqu’il apprend qu’il a un cancer cela ne provoque pas chez lui de résonnance particulière. Par méconnaissance du sujet, il n’a pas d’idée précise sur la nature de l’adversité. Dans le passé, sa vie n’a pas toujours été simple puisqu’il a perdu deux de ses enfants. Sa petite fille Elodie est décédée alors qu’elle n’avait que quelques jours. Son fils Reynald âgé de 21 ans lui-même gardien de but de l’équipe d’Ancenis est décédé d’un arrêt du cœur lors d’un entraînement. C’est là que Jean Paul a perdu toute appétence pour le football. Le fait d’apprendre qu’il est au stade 4 de la maladie (alors qu’il n’existe pas de stade 5) lui permet de prendre conscience du niveau de gravité. Toutefois, à l’image du sportif de haut niveau qu’il a été il n’est pas du genre à se dérober devant l’adversaire. Dans ce combat, il décide de mobiliser toute son énergie et abandonne son activité professionnelle.
Les ressources mentales
Jean-Paul explique de manière précise les différentes étapes de la maladie et notamment les séances de chimiothérapie. Il ne masque pas les difficultés : malgré la volonté de se battre la trachéotomie est au début du traitement une épreuve douloureuse et traumatisante. Une sensation de peur avec l’humiliation d’être impuissant devant la maladie et l’intuition de la mort. Face à l’obstacle, il explique sa stratégie en expliquant qu’il préfère monter marche par marche sans se préoccuper de celle qui est la plus haute. Sans doute pour éviter d’avoir le vertige. Il puise ses ressources mentales dans l’expérience acquise dans son existence et l’auteur fait utilement des allers et retours entre sa carrière sportive, entrepreneuriale et son vécu de malade.
La souffrance physique il l’a expérimenté à travers ses blessures. En octobre 1974, il y a le match retour contre le Legia de Varsovie où il joue avec une blessure au poignet liée à une fracture du quatrième métacarpien. Jean Paul expérimente le fait que la douleur peut être vaincue lorsque l’engagement est total « la volonté est un muscle invisible »., un muscle que l’on entretient, un muscle d’une force potentiellement incroyable ».
Le challenge comme antidote
Pour sortir du marasme de la maladie, Jean Paul se fixe un double défi : s’il parvient à guérir il veut courir l’Ironman de Nice et faire le Tour du Monde avec son épouse. Un challenge sportif pas totalement impossible mais plutôt compliqué à réussir lorsqu’on sait qu’il faut dans un temps limité faire : 3800 m de natation, 180 km de vélo, puis un marathon de 42 Kms en course à pied. Celui de Nice est en France le plus médiatique car il faut franchir 2 cols et affronter un parcours particulièrement sinueux.
Il lui faudra deux années pour se débarrasser de cette maladie puis encore deux autres pour préparer dans de bonnes conditions l’aventure de l’Ironman lui qui doit , dans un premier temps, déjà se reconstruire physiquement et mentalement. L’objectif est atteint dans la souffrance pour ce qui concerne la fin du marathon mais celle-ci n’est rien à côté du bonheur d’avoir vaincu la maladie
Une lecture qui donne de l'espoir
Cette histoire de vie est une belle leçon d’espoir racontée avec beaucoup d’humilité. Elle peut aider de nombreuses personnes à affronter la maladie ou les aider à accompagner un proche. Il y a dans ce livre plusieurs niveaux de lecture. Les passionnés de football découvrent à travers ce livre la personnalité de celui que l’on appelait « le Grand » compte-tenu de sa taille (1 m 92). Ils y puiseront quelques belles anecdotes sur le FC Nantes et notamment sur son amitié avec Henri Michel.
L’intégralité des droits d’auteur de ce livre seront entièrement reversés au Centre Gauducheau de l’Institut de cancérologie de l’ouest.
Jean-Paul Bertrand-Demanes : « Stade 4 : le match de ma vie « – Edition Max Milo (2022)