Le succès le plus notable du Toulouse FC est la conquête de la Coupe de France en 1957 au détriment d’Angers. A cette époque le FCN naviguait encore péniblement en 2è Division et présentait chaque fin de saison des bilans financiers qui limitaient singulièrement ses ambitions.
Toulouse avait donc fréquenté la 1re Division bien avant Nantes, il en fit partie dès 1946 mais ce n’est qu’en 1963-64 que les deux clubs se retrouvèrent face à face, leur première confrontation ayant lieu le 21 septembre 1963 dans la cité des violettes. Les Canaris s’inclinèrent 1-0, sur un but marqué à 5 minutes de la fin par Khenane Mahi, un joueur qui avait fait précédemment le bonheur de Rennes. L’équipe nantaise présentait la particularité d’aligner deux Simon, Jacques bien sûr qui commençait à se faire un nom au fur et à mesure qu’il empilait les buts mais aussi Jean-Jacques un jeune amateur de la région. En attaque, Bernard Blanchet prenait de plus en plus de place alors que Jean-Marie Couronne commençait à perdre de la vitesse. Jean Guillot, lui, orchestrait le jeu, montrant le bon exemple au jeune Jean-Claude Suaudeau. La formation présentée ce jour-là par José Arribas était complétée par Robert Siatka, Gilbert Le Chenadec, Yvon Jort, Georges Bout et Daniel Eon.
Toulouse embauche Marcos
Toulouse, même s’il tenait un rôle le plus souvent obscur comptait alors parmi les piliers de la 1re Division. Il ne le demeura plus longtemps. Ses malheurs furent la conséquence des rêves de grandeur de deux de ses dirigeants, Jean Puntis d’abord qui possédait des avoirs mais vida les caisses en achetant plein de joueurs. Ensuite c’est le richissime communiste Jean Doumeng, surnommé le ‘’milliardaire rouge’’, qui précipita le Téfécé dans le trou en provoquant une fusion particulièrement excentrique avec le Red Star, le club de Saint-Ouen, banlieue nord de Paris. Doumeng avait fait fortune dans le commerce de produits agro-alimentaires avec l’URSS, pays avec lequel les transactions étaient délicates, c’était un fonceur et quand il devint influent il parvint à propulser Just Fontaine à la tête de l’équipe de France. L’idée était bonne, le meilleur buteur de la Coupe du monde 1958 prônait un football offensif et il fit appel à plusieurs joueurs nantais. La fusion avec le Red Star s’avéra moins judicieuse, le club devait se partager entre la capitale et la cité du Capitole, jouer tantôt à Saint-Ouen, tantôt au Stadium, s’entraîner on ne savait pas trop où, pourquoi pas à Limoges ou à Châteauroux, en tout cas ce fut un flop total, surtout pour Toulouse qui disparut de la carte footballistique alors que le Red Star demeura en 1re Division, pas pour très longtemps d’ailleurs.
Le but d’Adonkor
On était en 1967 et la ville chantée par Nougaro dut attendre 15 ans, voir naître un autre club, l’US Toulouse (où Angel Marcos termina sa carrière de joueur et entama celle d’entraîneur) et retrouver l’appellation Téfécé, pour revenir parmi l’élite. Ses retrouvailles en 1982-83 avec Nantes, fonçant vers un sixième titre de champion de France, furent douloureuses. Les Canaris balayèrent les Toulousains 3-0 à Marcel-Saupin et s’imposèrent au Stadium 1-0, but de Maxime Bossis.
Ce 3-0 constitue un souvenir notable puisque Seith Adonkor y marqua un but, le seul obtenu durant les 113 matches qu’il a disputés sous les couleurs du FCN. Milieu de terrain explosif, il avait débuté deux ans plus tôt à Metz et il prenait de plus en plus de poids dans l’entrejeu nantais. Un an et demi plus tard, il trouva la mort en même temps que Jean-Michel Labejof dans un accident de la route qui en réalité fit une troisième victime car Sidi Kaba que les sauveteurs étaient parvenus à extraire de l’enfer traina douloureusement sa peine, ses regrets et ses souffrances jusqu’au bout de sa longue nuit, de sa trop brève vie. José Touré avait marqué le deuxième but nantais face aux Toulousains, l’addition ayant été corsée par Vahid Halilhodzic.
L’expulsion de Makelele
Le Téfécé présentait souvent une équipe défensive, rugueuse et c’est en utilisant les grands moyens qu’en décembre 1992, il parvint, lors du match précédant la trêve hivernale, à stopper la marche en avant de la jeune formation de Coco Suaudeau. Six mois plus tôt, le FCN était pratiquement mort, il ne pouvait même plus honorer les notes d’électricité de La Jonelière et il n’avait échappé à la faillite qu’en changeant d’appellation, devenant provisoirement le FCNA. Guy Scherrer, un président qui détonait dans le football français tant son discours était peu conformiste (« l’objectif c’est de donner du plaisir aux gens, disait-il, c’est plus important que gagner un match ») avait su rassembler des énergies régionales, suscité des sympathies et il ne s’était guère soucié de l’incapacité de recruter où se trouvait le club.
Or, toute une génération attendait impatiemment ce moment où on lui donnerait sa chance et les Pedros, Ouédec, N’Doram, Karembeu, Loko, Makelele avaient bondi sur l’occasion. Leurs talents, leur jeu offensif, technique, imaginatif avaient vite ébloui La Beaujoire et terrassé leurs adversaires. Contre toute attente, ils s’étaient même hissés en tête du championnat et ils étrennaient leur place de leader en pénétrant sur la pelouse du Stadium. Ils tombèrent de haut. Les Toulousains démarrèrent en trombe et marquèrent deux fois en 6 minutes, par Bancarel et Vaclav Nemecek, un meneur de jeu venu du Sparta de Prague, à la fois physique, technique et clairvoyant. Les Canaris ne s’en remirent pas, d’autant que la défense adverse ne s’embarrassa pas de fioritures : les Frapolli, Galtier, Arribagé, Romano ne donnaient pas dans la dentelle, ils possédaient également du vice et lorsque Claude Makelele qui n’avait pas l’abattage qu’on lui connut par la suite et évoluait sur un côté, dans un rôle offensif, se rebiffa ouvertement car il en avait marre de prendre des coups en douce, l'arbitre lui désigna illico presto la direction des vestiaires. Il s’agissait de Rémy Harrel et les Nantais n’en avaient pas fini avec lui car quelques mois plus tard ils terminèrent la finale de la Coupe de France contre le Paris Saint-Germain avec seulement 8 joueurs, Harrel ayant expédié prématurément à la douche Karembeu, Lima et Vulic.
La Beaujoire envahie
Les routes de Toulouse et de Nantes se séparèrent plusieurs fois par la suite, par la faute du Téfécé qui effectua un petit tour en National. Si bien qu’on en arriva au fameux match de la fin du championnat 2007, le 19 mai, mémorable non pas pour des raisons footballistiques mais parce que la pelouse de La Beaujoire fut envahie avant le terme de la rencontre, à la 87è minute, par une multitude de supporters en colère. Ils entendaient protester contre la politique de Roussillon et l’indifférence de Dassault, ils ne se doutaient pas de ce qui les attendait.
Le FCN dégringolait à son tour, il retournait en 2è Division, 44 ans après son accession. Le 0-0 qu’il était en train de concéder le condamnait en effet irrémédiablement au soir de cette funeste 37è journée. Toulouse, lui, déclaré vainqueur sur tapis vert, achevait le meilleur championnat de son histoire, il se classait 3è derrière Lyon et Marseille et se qualifiait, aux dépens de Rennes, pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions. Cette farce jouée aux voisins fut la seule consolation d’une triste soirée.
Le barrage de l’angoisse
Ce fut une performance sans lendemain et la route du Téfécé et du FCN ne se recroisèrent qu’à partir de 2013 pour des rencontres manquant généralement de saveur. En 2019-2020, il n’y eut même qu’une rencontre, le match aller enlevé 1-0 par Nantes puisque le retour fut annulé à cause du Covid. Si bien qu’on en arriva aux barrages de la peur du printemps 2021. Le Nantes défendait sa place en Ligue 1 et il crut avoir réalisé le plus difficile en gagnant la première manche 2-1 au Stadium, buts de Blas et de Kolo Muani. Or, quatre jours plus tard, paralysé par la peur, l’enjeu et, aussi, le manque de talents, il s’inclina à son tour 1-0, se sauvant uniquement au bénéfice du but marqué à l’extérieur. Il vécut une dernière demi-heure infernale car il était alors mené et un frisson d’effroi parcouru La Beaujoire quand la main de Charles Traoré toucha le ballon, sans faire broncher l’arbitre. On avait rarement vu une équipe nantaise jouer aussi mal, mais on avait tout aussi rarement vu des vaincus aussi heureux. Malgré leur défaite et après avoir plusieurs fois tremblé face à une équipe pourtant incapable de casser trois pattes à un canard, les Canaris sauvèrent leur peau et c’était quasiment un miracle à l’issue d’une saison terriblement éprouvante où ils avaient consommé quatre entraîneurs, dont un ancien sélectionneur dont l’embauche avait fait croire que Waldemar Kita se croyait le 1er avril alors qu’on était en décembre. Domenech était resté en place 46 jours, le temps que son équipe dispute 7 matches et n’en remporte aucun.