Photo : Stéphane Piriou

La température idéale, le retour d’un soleil bienvenu et apprécié, pouvait laisser présager d’une belle rencontre entre deux équipes semblables a bien des égards, si ce n’était la plus grande expérience du HAC au meilleur niveau. Cette 15e journée d’Arkema première ligue aura accouchée d’un score de parité, finalement des plus logiques, mais, avec des buts.

Peut-être que les Canaries auraient pu gagner. Peut-être que les Canaries auraient tout autant pu perdre.

Un penalty d'entrée

Pas de round d’observation, coup pour coup dès l’entame. La rencontre démarrait sur les chapeaux de roues, une main havraise offrait un penalty dès la seconde minute à nos favorites pensionnaires de Marcel-Saupin. Julie Rabanne ne se faisait pas prier pour loger la sphère dans le petit filet gauche de Lisa Uchtfus, la portière du HAC.

Nous en étions déjà au score du match aller (1-0) après deux minutes. Mais, de bonnes Havraises, pourtant plus mal classées, n’avaient visiblement pas l’intention de faire le voyage sur la cité des Ducs pour rien. Leur réaction était immédiate et, dans la foulée une première sueur froide parcourait en même temps les travées, que le cuir, la largeur de surface de vérité jaune. Les échanges, intenses, se poursuivaient et les deux équipes se partageait les occasions. De belles velléités à gauche des Normandes (6'), une tête non cadrée des Canaries sur corner (10'). Seulement, trop de précipitation, de recours à l’engagement, même, si c’est la marque d’une volonté d’aller de l’avant, produisent souvent un jeu ouvert mais, aussi parfois un manque de maîtrise.

A ce jeu-là, les Havraises se montraient plus mûres, et gagnait le camp nantais plus certainement. A droite, cette fois, une belle combinaison des joueuses de l’embouchure de la Seine, annonçait d’avantage un retour, plutôt qu’un break (19').

Des égalisations méritées

Le bloc de plus en plus haut des Normandes gênait considérablement les sorties de balles habituelles des Canaries. Moins propres que d’ordinaires sous le pressing adverse, les prises de risques se faisaient plus notoires, et les pertes de balles conséquentes.

Sur l’une d’elles, de fait proche du but (à 25 m), Laurie Cance, à l’angle de la surface Jaune, évitait habilement deux interventions, pour décocher une frappe pleine lucarne sans intervention possible d’Emily Burns. 1-1 à la 20' minute.

Nous vous écrivions ce match ouvert ? Et, bien, les Jaunes sur une phase arrêtée (Les Normandes n’en étaient que peu adeptes en ce premier acte) exploitaient un cafouillage sur corner pour reprendre l’avantage. Naomie Vagre qui aurait pu scorer dès la réception de ce coup de pied de coin, s’y reprenait en deux temps pour jouer de son placement d’abord, puis de sa persévérance pour battre de près la gardienne Normande.

Il était dit que cette bataille de Normandie ne serait pas non plus des plus aisées. Les joueuses du HAC n’abdiquaient pas, réagissaient en conquérantes, en investissant dés la reprise les 30 mètres nantais. Un nouveau ballon perdu, cette fois au 16m50 (c’est plus fatal), permettait à Ikram Adjabi d’ajuster un tir croisé, trouvant le poteau intérieur gauche d’Emily Burns, encore imparable.

2-2 après une première demi-heure de jeu très animée, même si le jeu des Nantaises se montraient pour le coup moins attrayant qu’en d’autres circonstances. C’était aussi due à la qualité adverse, illustrée à gauche par Laurie Cance, très joueuse, très juste et qu’on ne dépossède pas du ballon. Comme de son alerte-et-go du centre de l’attaque Ikram Adjabi, bon point d’enrage et menaçante aux abords du but.

Ce Havre-là ne laissait guère en paix la défense jaune. A la 37', nouveau ballon perdu, nouvelle récupération haute et nouveau danger pour les Canaries. Il aurait vraiment fallu que les Nantaises montent d’un cran. Le FCN était d’ailleurs dangereux dès que ça se jouait aux abords du buts Normand. C’était le projet à avoir, pour le second acte à venir. Sinon le travail de sape, l’activité, l’intensité que mettait dans son jeu Danielle Marcano risquait de ne pas suffire.

Les effectifs tournent, le score ne bascule plus

Que ça passe vite une première mi-temps, émaillé de soleil, d’un penalty, de quatre buts, et d’occasions. D’un jeu plutôt alerte, même s’il s’avérait mieux construit du côté visiteuses. En effet, même si le collectif Nantais était hier, moins manifeste, la partie restait enjouée. Et si, répétons-le, le supporter pouvait se montrer demandeur d’un meilleur résultat, le spectateur, lui, ne s’ennuyait pas.

A la 50', le ballon arrive dans la surface normande, mais la remise, bien pensée, voit la frappe nantaise mal réalisée, du moins, manquant de puissance. L’heure de jeu approchant, le temps du turn-over intervenait aussi.

A la 55', nous n’étions pas fâché de voir sortir l’avant-centre Havraise, seconde buteuse et vrai danger pour nos Canaries. Ce, même si, sa remplaçante plus à l’aise en pointe haute allait s’avérer sur les minutes restantes de bonne facture.

Était-ce ce changement tactique, le recul havrais, ou une volonté plus manifeste des Jaunes de se projeter d’avantage (un discours de vestiaire à la pause ? Elles sont faites aussi pour ça) ? Toujours est-il que les partenaires de Maureen Cosson tentaient de reprendre l’initiative. Elles remettaient un peu mieux le pied sur le ballon. Ce qui n’empêchait pas la capitaine Nantaise d’intervenir judicieusement sur un ballon en profondeur (60'). Ce n’empêchait pas non plus, de reperde quelques ballons dangereux. Sur l’un d’entre eux, il fallait un énorme sauvetage du pied, et à bout portant d’Emily Burns, pour éviter que le Havre ne prenne l’avantage pour la première fois de la partie.

Le turn-over persiste, le score reste inchangé

Il y avait déjà eu des changements dont deux nantais. Mais, à la 65', le coach havrais faisait aussi souffler son numéro 10, Laurie Cance. Positionnée à gauche, première buteuse, c’est elle aussi qui venait de distiller le caviar sur le sauvetage précédent de la gardienne nantaise. Des tribunes nous sommes 63 millions de sélectionneurs, si ! On ne sait jamais l’état physique du sortant, encore moins la qualité de l’entrant, ni même les intentions réelles du coaching, le commenter n’est parfois qu’un apanage de journaliste. Nous n’étions ni, des entrainements de la semaine, ni, des rencontres précédentes. Aussi nous nous garderons bien, nous, de juger en quoique ce soit ces changements et repositionnements. Dans un club, c’est toujours bien que tout le monde joue, d’ailleurs rendons cette grâce à Nicolas Chabot qui donne beaucoup de temps de jeu à toutes. Avouons-le pourtant, sur ce coup, de manière chauvine, nous avions déjà la sensation que laisser Laurie Cance à gauche c’était limiter son influence sur le jeu havrais, elle n’en n’aurait plus du tout sur le banc, tant mieux pour nos Canaries.

Le jeu baissait d’un ton. Les joueuses restantes allaient encore pourtant batailler pour prendre l’avantage. Un cafouillage et un ballon mal renvoyé plein axe, par la défense nantaise, permettait une frappe des moins de vingt mètres, sortante heureusement à gauche (72'). Les Canaries rendaient la pareille, cette fois, et donnaient l’occasion d’ un superbe arrêt de la Gardienne Normande, le corner ne donnera rien. La partie pouvait basculer d’un côté ou de l’autre, de moins bonne tenue dans le jeu, la fatigue, quelques erreurs, quelques chevauchées aurait pu déboucher sur un but.

Une issue équitable

A La Maison Jaune, nous n’évoquons jamais l’arbitrage, il fait partie du jeu, même si c’est encore un axe de progression auquel il faut tendre en football féminin. Surtout, hier l’arbitre n’a en rien influencé le score, finalement. En revanche, ces décisions, depuis l’heure de jeu, ont redonné un nombre important de ballons au HAC. Parfois frustrantes, ces mêmes décisions à moins d’un quart d’heure de la fin ont donné un autre aspect à la rencontre. Nicolas Chabot écopant lui-même d’une sanction administrative, se cumulant à d’autres pour un match sans brutalités excessive. Ce ne méritait pas ça. Après le match, le coach nantais pouvait légitimement s’en ressentir.

D’autres changements (79'), un arrêt difficile sur corner d’Emily Burns (85'), et six minutes de temps additionnel ne changeaient rien au tableau d’affichage. Un dernier carton pour un tacle spectaculaire mais, qui semblait licite, et tout le monde rentrait aux vestiaires.

Il reste qu’il ne faut pas focaliser uniquement sur le résultat, c’était peut-être moins inspiré, moins enthousiaste que parfois, avec nos Canaries, mais, elles n’ont pas non perdu. Et, si c’est dommage, au regard du calendrier à venir, nous aurions trouvé immérité que ce HAC de qualité ne reparte bredouille de Marcel-Saupin.

Après-match, nous en convenions tous avec les édiles de l’Association Gilles Rampillon, Jacky Soulard et Michel Vaslin, nous avions évoquées ces équipes comme similaires, le mot-clef qualificatif de cette soirée restant donc, pour son score : équitable. Surtout, Nantes conserve ces distances au classement, sur son adversaire du jour, et c’est peut-être ça la satisfaction à conserver.