Dominer n’est pas gagner
Bonheur, oui. Le Football Club de Nantes a gagné un match, son cinquième de la saison en championnat. Une victoire importante qui permet aux Jaune et Vert de dépasser le Stade de Reims au classement et de creuser un léger écart avec la zone rouge. Pour autant, ces trois points n’ont pas été acquis avec facilité face à des Lensois vêtus de vert. En effet, comme plusieurs fois cette saison à domicile (cf. Saint-Etienne et Monaco), Nantes a mené par 2 buts à 0 en faisant preuve d’intensité et d’envie dans le jeu plaisantes à observer. Mais en tant qu’observateur du football nantais, impossible il est de se satisfaire d’un écart de 2 buts tant la fragilité mentale et défensive de cette équipe s’est illustrée tout au long de la saison, et des précédentes. Une nouvelle fois les coéquipiers de Louis Leroux se sont donc fait peur. Quelques minutes après le penalty inscrit par Moses Simon, le RCL a également bénéficié d’un penalty pour une faute de main de J-C. Castelleto. A la 65e environ, Lens revenait donc à 2-1, alors même qu’ils n’avaient rien montré jusque-là. Or, quel meilleur scénario pour une équipe qui semblait abattue que de faire naître le doute chez des Canaris qui tant de fois cette saison ont vécu cette situation. Panique à bord !
Seulement, cette fois la chance a tourné en faveur du FC Nantes. Frustré par ce qu’il estimait être une faute en sa faveur, l’attaquant lensois Mbala Nzola a projeté le ballon en direction de l’arbitre Jérôme Brisard. Dans un contexte national, et européen, où les arbitres sont pris pour cibles par les clubs et les supporters, ce geste ne pouvait être suivi que d’un carton rouge. Réduits à 10, revenir au score devenait par conséquent davantage compliqué pour un effectif lensois assez pauvre offensivement. Pour autant, la Beaujoire a été sur le point de basculer dans la tourmente à la 92ème minute suite à une frappe à bout portant de Tom Pouilly magnifiquement détournée par Anthony Lopes. Après avoir assumé auprès de DAZN avoir rendu une prestation individuelle honteuse la semaine passée, l’expérimenté gardien a fait preuve de toutes ses qualités en évitant cette déconvenue de dernière minute à ses partenaires. Preuve que le vent avait tourné en faveur des Nantais, au prix d’un énième effort empreint de talent de Matthis Abline sur le côté droit et d’une belle projection nantaise dans la surface lensoise, Elia Meschack, fraîchement arrivé de Suisse, n’a plus eu qu’a pousser le ballon au fond des filets, inscrivant ainsi son premier but sous les couleurs nantaises.
Une soirée pleine d’émotions
Du bonheur, déjà ! Car en tant que supporter nantais voir une victoire à la Beaujoire relève d’un véritable miracle. De la satisfaction, aussi ! Oui, le FC Nantes a gagné. Mais surtout, le FCN a gagné avec la manière. Douglas Augusto et consort ont montré leurs qualités tout au long de la rencontre et particulièrement jusqu’à la 60e. En première mi-temps les Jaune et Vert ont joué, se sont projetés et ont bien défendu. Ils auraient pu alors mener davantage. Au retour des vestiaires, l’état d’esprit n’avait pas changé : intensité et combat. Le penalty arrive d’ailleurs à un moment important car Nantes venait de manquer par 3 fois des occasions franches de doubler la mise. Ce collectif a montré du jeu et de la confiance et quoi de plus satisfaisant après les derniers revers contre Brest et Monaco.
Quoi de plus satisfaisant ? Finalement, la réponse est assez simple. L’ouverture du score par Louis Leroux, 19 ans, héros du parcours des U19 nantais en Youth League (2023-2024), pour sa première titularisation. Auteur d’un remarquable début de rencontre, c’est après une récupération dans les pieds d’Andy Diouf que L. Leroux s’est retrouvé en position de frappe et a pu achever un Matthew Ryan abandonné par sa défense. Outre ce but, le jeune Canari a démontré tout son talent et n’a eu de cesse de poser des problèmes au milieu lensois. Tant dans sa qualité technique que dans l’intensité mise dans son pressing, il a envoyé un signal fort à son entraîneur. Sa fougue et son envie ont animé le milieu nantais et la paire qu’il a composé avec Douglas Augusto tout au long de la soirée a semblé particulièrement efficace. La Beaujoire a explosé sur son but et a célébré Leroux en fin de match. Quelle joie !
Un milieu solide
Nantes a dominé la rencontre en grande partie grâce au travail de deux joueurs : Douglas Augusto et Louis Leroux. Ils ont asphyxié Diouf et El Aynaoui, bien aidé par Lepenant, et ont toujours essayé de jouer vers l’avant. Douglas Augusto est sans doute le nantais le plus régulier depuis le début de saison et le travail qu’il abat doit être salué. Un véritable leader. De son côté, Louis Leroux a saisi l’opportunité de l’absence de Chirivella pour se montrer indispensable. Enfin, Johann Lepenant a une nouvelle fois fait preuve d’un pressing sans relâche. On pourra peut-être se demander si les courses qu’il effectue sont toujours utiles mais on ne peut rien reprocher à ce joueur tant il produit d’immenses efforts. Espérons qu’Antoine Kombouaré les réaligne à nouveau ensemble.
Les tribunes au cœur du match
Comme il est de mise à Nantes, la Brigade Loire a une nouvelle fois montré sa force. Après avoir manifesté par la grève de chants son mécontentement face à l’humiliation subie la semaine passée à Monaco, la BL a déployé un magnifique tifo ainsi qu’une banderole indiquant : "Pour toi Nantes, nous garderons la foi". Les coéquipiers de Nicolas Pallois, auteur d’un match solide, pourront donc compter sur le soutien de leur public jusqu’à la fin de la saison. A eux désormais de bien leur rendre !
En revanche, point noir de cette rencontre, la gestion des supporters visiteurs du RCL. Au moment de l’ouverture du score de Louis Leroux, les très nombreux supporters lensois présents en parcage ont débâché et ont quitté la tribune par solidarité avec ceux des leurs ayant subis matraquage et gazage de la part des forces de l’ordre, tels que le rapportent La Voix du Nord 1et Ouest France2. Si une enquête sera nécessaire afin d’expliquer les causes de cette violence à l’encontre de supporters, cet épisode illustre une nouvelle fois les lacunes de la gestion du supportérisme en France. Quel dommage.
Par solidarité avec ses homologues lensois, la Brigade Loire a chanté "Liberté pour les ultras".
Cap sur Marseille
Après cette victoire méritée, Nantes va mettre le cap sur la cité phocéenne dès le week-end prochain avec l’objectif de ramener des points du Vélodrome. La tâche s’annonce rude mais Antoine Kombouaré serait bien inspiré de revoir les matches de l’AJ Auxerre face aux marseillais cette année. Si Nantes produit du jeu et montre de l’envie, pas de doute que ces joueurs peuvent au moins aller embêter Rongier, Merlin, Harit et compagnie.