Les membres de la rédaction de La Maison Jaune n’aiment rien tant que de faire un petit pas de côté et commettre une infidélité à leurs Canari(e)s en allant musarder auprès d’autres collectifs nantais, tant pour apporter leurs encouragement que pour vérifier si par hasard l’herbe ne serait pas plus verte.
Mesures d'encadrement
En ce qui concerne le NAHG, Nantes Atlantique Hockey Glace, le sol est nettement plus blanc et… plutôt glissant. La patinoire du Petit-Port accueillait une rencontre du championnat de Division 1, qui contrairement à ce qu’on pourrait croire, n'est pas l’élite française du hockey sur glace, mais seulement l’antichambre de la prestigieuse Synerglace Ligue Magnus.
Si les choses étaient bien faites, les Corsaires de Nantes (c’est comme ça qu'on appelle les joueurs de la section masculine du NAHG) auraient dû participer cette saison à ce championnat d’élite. En fin de saison dernière, ils avaient remporté le titre de Division 1, en surclassant notamment Chambery (5-2) en finale. Seulement, le club nantais n’a pas été autorisé à grimper à l’échelon supérieur, puisqu’il n’avait pas déposé de dossier de demande d'accession. A quoi bon puisque le déficit du club était trop rédhibitoire pour prétendre jouer dans l’élite.
Pire, le club nantais a bien failli être rétrogradé au début de cette saison 2024-2025, pour cause de “non-respect des mesures d'encadrement”, c’est-à-dire en raison de finances jugées insuffisantes. Le club nantais a finalement été maintenu, mais il dispute le championnat avec neuf points de pénalité. Ainsi malgré dix victoires, les Corsaires ne comptent que 21 points, ce qui les positionne à la quatorzième place (sur seize) éligible pour les barrages (les quatre derniers disputent la phase de relégation).
La vitesse et la castagne
Autant dire que nos hockeyeurs méritent bien qu’on aille les soutenir. Ce mercredi 29 janvier, les voici qui accueillent l’Etoile Noire de Strasbourg, qui pointe fièrement à la sixième place. Que les footeux ne s’y trompent pas, l’équipe en bleu marine est bien celle du NAHG, la nôtre, celle qu’il fallait encourager, alors que celle qui porte un peu de jaune sur sa tenue blanche est bien l’équipe adverse.
Celle-ci n'a d'ailleurs pas fait traîner les choses. Elle ouvre le score après trois minutes de jeu et plonge la patinoire dans une ambiance… glaciale. Le spectacle d’un match de hockey ne manque pas d’atouts. Pour qui aime la vitesse et la castagne, c’est le sport parfait. Les joueurs bardés de casques et d’épaulettes manient un palet glissant avec leur crosse et une certaine dextérité, glissant sur la piste à une vitesse impressionnante.
Mais pour peu qu’il remonte le terrain trop près du bord, un adversaire vient joyeusement le percuter sans ménagement, le plaquant à grand fracas contre le plexiglas, pour la plus grande joie du public. Curieusement, les trois arbitres ne bronchent pas. Ils restent même stoïques alors que les deux adversaires s'échangent de violents coups de poings. Autres sports, autres mœurs...
ZZ Top, AC/DC, Nirvana...
Le match se joue en trois tiers-temps de vingt minutes de jeu effectif. A chaque arrêt de jeu, le chronomètre est gelé et le responsable de la sono en profite pour glisser un extrait musical percutant, son répertoire allant de AC/DC à ZZ Top en passant par Nirvana. Cela donne une ambiance très rock’n’roll et ajoute au côté mi-Mad-Max mi-Rollerball de la soirée.
La rencontre est d’une haute intensité. Les deux équipes se rendent coups pour coups, au propre comme au figuré. Mais sur le plan des buts, on reste un peu sur notre faim. Il faut dire que les cages sont toutes petites et que les gardiens, équipés d’un attirail assez impressionnant (casque renforcé, genouillères XXL, gant en forme de saladier…). Ils occupent alors les trois quarts de l’espace.
A la fin des deux premiers tiers-temps, le score est toujours de 1-0. Les cinq mille spectateurs du Petit-Port trépignent un peu, mais le troisième tiers-temps va leur en donner pour leur argent. Les Nantais parviennent à égaliser d’entrée et, galvanisés par cette réussite, se lancent à l’assaut du but alsacien. A six minutes de la fin de la partie, ils inscrivent un deuxième but qui déclenche une immense clameur dans les tribunes.
Deux secondes de bonus
Mais alors que l’on pense la victoire acquise, les Strasbourgeois refroidissent à nouveau l’ambiance en égalisant dès la remise en jeu. Il faut savoir qu’en hockey, le match nul n’existe pas. Si le score reste ainsi, on dispute des prolongations et l’on va jusqu’aux tirs au but si nécessaire. Bref, ça peut durer toute la nuit.
Vexés de n’avoir pu profiter de leurs avantages, nos Corsaires repartent à l’attaque. Mais ils s’épuisent peu à peu face à un gardien strasbourgeois extrêmement vigilant (il sera élu MVP de son équipe en fin de match). Et alors qu’on n’y croyait plus, et que le grand chronomètre indiquait qu’il ne restait que onze secondes à jouer, les Nantais parviennent à glisser le palet dans un trou de souris et tromper enfin ce satané gardien.
A 3-2, la victoire semble bien acquise. Le buzzer retentit et indique la fin des hostilités. Les Nantais se congratulent alors que le capitaine strasbourgeois se met à palabrer avec les arbitres. Le disc-jockey ne trouve rien de mieux alors que de passer “Les lacs du Connemara” pour nous faire patienter. Car le match, en effet, n’est pas terminé. Le speaker annonce qu’il reste… deux secondes à jouer.
Les équipes se remettent en place, dans le camp nantais. Les Strasbourgeois sont revenus sans leur gardien. La stratégie est simple : on récupère le palet et on shoote. Mais les Nantais se montrent vigilants et repoussent la rondelle. Cette fois, c’est sûr, le match est gagné. Ce bonus de deux secondes fut d’une intensité incroyable.
Le hockey est un sport magnifique, et c’est encore plus beau quand à la fin, ce sont les Nantais qui gagnent. Nos Corsaires se déplacent dès samedi prochain du côté de Brest, contre un club dont on nous dit qu’il fut un géant il y a encore quelques années. Un peu l’inverse du foot, en somme.
- Lire le compte-rendu de la rencontre sur le site Le sport à Nantes