En ce dimanche soir d’automne, les Canaris n’auront su défier les statistiques. Face à sa bête noire du XXIème siècle – 12,8% de victoire – les Jaune et Vert se sont inclinés 2-0. Les coéquipiers de Kelvin Amian n’auront su résister au pressing des hommes de Bruno Genesio.

Gare au pressing !

Rien d’illogique à cette victoire du LOSC. Une équipe bien organisée, talentueuse et expérimentée. Surtout, un collectif qui se distingue par sa capacité à presser de manière coordonnée et à récupérer le ballon haut. Les erreurs nantaises sur le premier but lillois sont ainsi venues d’un intense pressing à la relance. Car le bloc lillois a explosé vers l’avant à la vue de la passe très mal inspirée de Chidozie Awaziem. Aussi, Kwon puis Tabibou se sont retrouvés directement en difficulté. C’est la perte de balle de ce dernier qui a mené au but éclair d’Haraldsson. Une situation qui s’est reproduite plus tard mais que l’Islandais n’a su convertir.

Disons-le, cette séquence de jeu est vouée à se répéter. Les consignes sont claires : repartir de derrière par la passe. L’ambition est louable et sûrement destinée à rencontrer plus de succès que la projection imprécise de ballons vers l’avant. Néanmoins, les lacunes techniques et le manque de mouvement ne permettent pas d’assurer des sorties de balles sécurisées. Au contraire, elles représentent un risque important.

Pour autant, désavouer cet aspect de la tactique de jeu reviendrait à plébisciter un jeu plus direct. Avec Abline en pointe et la vitesse de Guirassy et Benhattab sur les côtés, la recherche de la profondeur à coups de longs ballons n’est pas nécessairement une mauvaise idée. Mais la mise en œuvre de ce plan de jeu requiert une grande précision technique. Cela demande également que les offensifs soient accompagnés dans leurs efforts, tant par les milieux que par les latéraux. Ce ne fut que peu le cas lors de cette rencontre.

Alors, il faut espérer qu’à force d’un travail autour des combinaisons et une progression technique individuelle, les Jaune et Vert puissent déployer un jeu plus propre et moins à même de subir le pressing intense dont sont capables nombre d’équipes en Ligue 1.

Une histoire de barres

Malgré une prestation d’ensemble plutôt terne, les Canaris auront brillé par instants, notamment grâce à la qualité de Matthis Abline. En première mi-temps, un centre de Guirassy transperçait la défense lilloise pour lui parvenir dans les pieds. Mais Berke Özer, le portier turc du LOSC, faisait obstacle de son pied à la frappe d’Abline, déviant celle-ci sur le montant supérieur de sa cage. En seconde période, à la suite d’un beau mouvement collectif, c’est à nouveau Guirassy qui servait Abline dans la surface. D’une spectaculaire reprise acrobatique, le jeune nantais catapultait le ballon sur la barre transversale. Deux situations qui ont caractérisé le manque de réussite du convoité attaquant.

Avec seulement 5 buts marqués depuis le début de l’exercice 2025-2026, les Canaris peinent offensivement et Luis Castro n’a pas encore trouvé la bonne recette. Face au LOSC, Mohamed, aligné en pointe, a été invisible. Il n’est sûrement pas adapté à la tactique voulue par Castro mais il manque également de certaines qualités. Sa participation et son influence sur le jeu sont nulles. S’il multiplie les efforts pour presser, il y perd surtout de l’énergie car trop souvent le pressing est mal exécuté ou coordonné.

Guirassy, quant à lui, a une nouvelle fois montré sa capacité à percuter et à faire peser un danger sur la défense adverse par sa simple vitesse. Mais il manque encore de maturité dans ses choix. Il ne prend que trop rarement la bonne décision ou manque de qualité dans l’exécution de certains gestes techniques. Luis Castro doit compter sur lui. A force de jouer, il est presque évident qu’il acquerra ce qui lui manque aujourd’hui pour être décisif. Comme le supposait Scipion (créateur de contenu) dans son débrief de la 8e journée de Ligue 1, des joueurs comme Guirassy ou Benhattab n’ont probablement pas encore la carrure de titulaires. L’apport d’un joueur plus expérimenté, comme l’était Moses Simon, serait bien bénéfique pour ces jeunes talents.

De son côté, Abline, souvent frustré, se retrouve ainsi plutôt isolé dans ses offensives. Capable d’une percussion et d’une explosivité hors du commun sur ses contrôles, il manque de solutions à l’approche de la surface. Son entente sur le terrain avec Mohamed est inexistante. Ce dernier ne se propose que trop rarement en tant que point d’appui. Abline doit donc faire les différences à lui tout seul. Luis Castro doit vraiment trouver comment mettre dans les meilleurs conditions son jeune attaquant. Il doit être la force nantaise.

Milieu expérimental

En raison de l’absence de l’important Johann Lepenant et du capitaine Francis Coquelin, Luis Castro a associé Tabibou à Kwon et Mwanga dans l’entrejeu. Si le Sud-coréen occupait clairement le rôle de sentinelle, positionnée devant la défense, celui de ses compères ne paraissait que très peu défini. Il serait intéressant d’analyser le nombre de passes qu’ils se sont fait entre eux. Car le jeu, comme lors des matchs précédents, a principalement pris place sur les côtés à coups de longs ballons dans la profondeur.

Dans une équipe en manque de repères, il est important de pouvoir s’appuyer sur un milieu de terrain solide et capable de faire le lien entre la défense et l’attaque. C’est aujourd’hui l’un des grands manques du collectif nantais. Si les blessures forcent Luis Castro a expérimenter différentes associations, elles donnent au moins l’occasion à de jeunes joueurs de faire état de leur talent et de ce qu’ils peuvent offrir à l’équipe.

Tabibou a enchaîné une nouvelle titularisation et a cédé sa place en seconde période à Bahmed Deuff, 19 ans. Ce dernier a fait une belle entrée. Il s’est notamment distingué par plusieurs récupérations et une certaine sérénité pour distribuer le jeu. A voir s’il peut davantage apporter à l’entrejeu nantais lors des prochaines rencontres.

Un match perdu logiquement

Finalement, ce n’est pas tant le manque de chance que l’incapacité des Jaune et Vert à se montrer dangereux de manière constante qui leur fait défaut. Les maux sont encore nombreux à la sortie de cette trêve internationale. Luis Castro doit encore faire beaucoup progresser son équipe, tant collectivement qu’individuellement. Y parviendra t-il avec cet effectif limité ?

Face au Paris FC, il faudra montrer plus. Réussir une vraie performance collective pour engranger de la confiance.

La tribune Loire à l’honneur

Heureusement, en dépit du piètre spectacle proposé à la Beaujoire depuis le début de saison, la Tribune Loire a encore répondu présente. Forte de sa réputation d’être l’une des places fortes du supportérisme français, la tribune célébrait ce dimanche soir ses 40 ans. Le tifo déployé en début de match a été d’une créativité et d’une technicité majestueuse. Tel un livre ouvert, les pages de l’histoire de la tribune et des supporters se sont déroulées. Puis au retour des vestiaires, le clou du spectacle avec une animation pyrotechnique dont seule la Brigade Loire a le secret. Un spectacle dûment préparé et qui s’est déroulé sans accrocs. Le match n’a pas été interrompu.

Ces célébrations dénotent avec les performances de l’équipe. On ne peut qu’espérer qu’à la fin de la saison, ce soit à l’unisson, que joueurs, joueuses et supporters chantent et fassent la fête.

Allez Nantes !